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Mardi 16 janvier s’est tenue l'audience solennelle de rentrée du tribunal de commerce de Créteil. Un moment charnière, notamment consacré à
l'accueil de nouveaux juges consulaires, ainsi qu'à un bilan de l'année
écoulée.
Ce 16 janvier, le président du tribunal de commerce de Créteil,
Philippe Jombart, a déclaré « installés
dans leurs fonctions les juges nouvellement élus ». Devant la
préfète et le président du tribunal judiciaire, le procureur de la République
de Créteil, la bâtonnière de l'ordre des avocats du Val-de-Marne mais encore le
bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris.
En préambule, le président a rappelé que l'action des juges
consulaire doit se faire dans le respect des valeurs « de probité,
d'impartialité, de tolérance et d'humilité ». Il a exposé la fonction
de juge consulaire au tribunal de commerce, notant que celle-ci est bénévole,
gratifiante, requérant disponibilité et assiduité. Il indique aussi que la
fonction de juge implique « l'acquisition permanente de nouvelles
compétences juridiques », afin de pouvoir « instruire, rédiger et délibérer
des jugements, sans oublier de participer avec le même zèle à la vie du
tribunal ».
Philippe Jombart a évoqué le départ de certains juges, et rendu
hommage à Brigitte Gambier, présidente honoraire du tribunal décédée
brutalement en 2023, et dont il loue la « personnalité rayonnante et les
qualités exceptionnelles ».
La quantité d’affaires en hausse
Il a ensuite détaillé l'activité du tribunal en 2023 : 14 600
décisions ont été rendues, soit un accroissement de 8% par rapport à l'année
précédente. Les jugements de contentieux, quant à eux, ont été au nombre de 1
410. En ce qui concerne le délai moyen de traitement des affaires, il est de
222 jours, ce qu'il estime être « une très bonne performance ». En
revanche, a-t-il précisé, le tribunal constate une « augmentation
significative des référés », avec 426 ordonnances en 2023, soit une
augmentation de 20%, mais aussi une hausse des injonctions de payer qui, au
nombre de 4 775, ont connu un accroissement de l'ordre de 26,89%.
Autre fait marquant cette année, l’augmentation des procédures
collectives sur l'ensemble de la France. Dans le Val-de-Marne, 986 procédures
pour cessation de paiement ont impliqué 2 314 salariés en 2023, soit une hausse
de 43% par rapport à 2022, « en phase avec la moyenne nationale ». 87% d'entre elles ont abouti à
une liquidation directe. « Malheureusement », regrette Philippe Jombart,
« le pourcentage de conversion du redressement en liquidation reste très
élevé : 65% sur les deux dernières années ».
Mieux vaut prévenir que périr
Au passage, le président a indiqué qu'en 2023, « le montant du
passif déclaré par les entreprises s'accroît significativement, de plus de 50%
», atteignant 340 000 euros. Il observe également que « sans surprise »,
« les activités dans les secteurs de la restauration et des bâtiments et
travaux publics ont été particulièrement concernées par l'ouverture de
procédures collectives ». Il
a aussi ajouté que depuis 2019, la durée des procédures collectives est
inférieure à un an, et que cela s'explique « par le nombre croissant de
liquidations judiciaires simplifiées ».
Le président a parlé par ailleurs du registre du commerce et il explique
que l'année 2023 a vu « la même dynamique que l'année précédente » : les
créations d'entreprises ont compensé « le nombre de radiations d'office ou à
l'initiative des dirigeants », aboutissant
à un solde annuel de créations d'entreprises « en légère progression ».
Phillipe Jombart a mis en avant la mission de prévention du tribunal de commerce, à l'égard des difficultés des entreprises. Ainsi, trois
juges se consacrent à la prévention-détection. Alors qu'en 2022, ce
sont 150 chefs d'entreprise qui avaient été invités ou convoqués à un
entretien de prévention, cela a été le cas pour 400 dirigeants en 2023. Mais
parmi ces derniers, seuls 164 se sont présentés, soit moins de la moitié.
Regrettant ce chiffre trop faible, il précise que le tribunal a seulement
ouvert dix-sept mandats « ad hoc » en 2023, et trente-deux
conciliations.
Le président a rappelé que « le travail sur la détection des
petites entreprises en difficulté est un travail de longue haleine ».
Évoquant une autre méthode d’intervention, il indique que « protéger le
tissu économique passe également par des actions de police économique, à
l'égard des entreprises et de leurs dirigeants ne respectant pas la loi », et ainsi « qui faussent la concurrence et distordent le marché ». Dans ce domaine, le tribunal de
commerce opère en collaboration avec le greffe du parquet.
Étienne Antelme
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