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Magistrate, avocate, ministre déléguée chargée de la Condition féminine et de la famille sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, Monique Pelletier s’est éteinte ce dimanche 19 octobre à l’âge de 99 ans. Militante engagée pour les droits des femmes, elle a été membre du Conseil constitutionnel de 2000 à 2004, et fut également présidente d’honneur du Conseil national handicap.
Née à Trouville-sur-Mer, dans le Calvados, en 1926, Monique Pelletier débute sa carrière en tant qu’avocate, puis devient juge assesseure, notamment au tribunal pour enfants de la Seine.
Engagée dans la vie locale dans un premier temps comme conseillère municipale à Neuilly-sur-Seine, elle rejoint le gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing en 1978, en tant que Secrétaire d’Etat à la justice puis ministre déléguée chargée de la famille et de la condition féminine. Ce poste confirme son engagement féministe aux côtés de Simone Veil, avec qui elle se lie d’amitié, et dont elle obtiendra la légalisation définitive de l’avortement, quatre ans après l’adoption de la loi, en 1975.
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C’est à Monique Pelletier que l’on doit aussi la criminalisation du viol, obtenue en 1980, principalement porté grâce au combat de Gisèle Halimi. De ses victoires féministes, elle tire un ouvrage, Nous sommes toutes responsables (Stock, 1981). En 1979, elle fait adopter en conseil des ministres « cinq mesures en faveur des femmes » pour expérimenter les quotas de femmes sur les listes des candidats aux élections ; mais faute de soutien parlementaire, le texte n’est finalement pas adopté.
Elle se bat aussi pour la nécessité de reconnaître le viol conjugal, et de durcir les peines infligées aux agresseurs. On retiendra d’elle également son plaidoyer de décembre 1980 à la tribune de l’Assemblée nationale, où elle s’exprime pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes ancrée dans la loi.
Ce lundi, les réactions étaient nombreuses, et beaucoup rendent hommage à la mémoire de cette femme de droit, mère de sept enfants, avocate des plus vulnérables, à l’intarissable « soif de justice ». Revenue à sa vocation d’avocate après l’élection de François Mitterrand, elle consacre les dernières années de sa vie à se battre en faveur de la dignité des conditions de vie des personnes handicapées, des soignants, et des seniors dans les EHPAD, thèmes sur lesquels elle s’exprimait encore avec vigueur sur son compte X, jusqu’à la fin.
« Elle a ouvert la voie à des générations entières, déterminées à poursuivre son combat pour l’égalité, salue ainsi Julie Couturier, présidente du Conseil national des barreaux. Toutes mes pensées à sa famille et à ses proches. »
« Femme d’engagement et de conviction, Monique Pelletier a consacré sa vie au service de la République, de la justice et de l’égalité », réagit le Conseil constitutionnel ce dimanche, qui « salue la mémoire d’une femme libre, d’une grande juriste et d’une républicaine exemplaire ». « Membre très engagée au sein des travaux du Conseil constitutionnel, elle y a apporté toute son expérience ministérielle, sa rigueur juridique et sa connaissance approfondie des institutions. »
« L’égalité femmes-hommes vient de perdre une de ses fidèles avocates, publie ce lundi l’Elysée, qui souligne aussi l’engagement de Monique Pelletier en faveur des enfants et des personnes en situation de handicap. « Et parce qu’elle voyait les ravages d’une enfance abandonnée à elle-même, elle dirigea de 1972 à 1977 l’association « l’École des parents et des éducateurs ». »
Elle fut également pionnière dans la lutte contre la toxicomanie, rappelle le communiqué gouvernemental : « Chargée en 1977 par le président Valéry Giscard d’Estaing, dont elle était proche, d’un rapport sur ce sujet, elle y invita les décideurs publics à mieux prendre en charge les toxicomanes. » Le Président de la République, Emmanuel Macron, salue enfin le souvenir d’une femme « libre », à la « personnalité alerte, vive, drôle, qui ne s’embarrassait d’aucun faux-semblant ni d’aucun obstacle quand étaient menacées les valeurs des Lumières auxquelles elle était profondément attachée ».
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