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INTERVIEW. Créatrice de contenus suivie par 2 millions de personnes sur TikTok et fondatrice de Lyynk, une application pour aider les adolescents à prendre soin de leur santé mentale, Miel Abitbol, 18 ans, revient sur son parcours. Harcelée pendant son adolescence et marquée par une tentative de suicide, elle témoigne de son expérience, et analyse aussi avec sévérité les mesures gouvernementales envisagées pour lutter contre la détresse des jeunes.

Journal Spécial des Sociétés : Votre parcours, c’est aussi celui de beaucoup d’adolescents qui ont traversé des moments difficiles. Quels ont été vos repères, vos piliers ?
Miel Abitbol : J’ai traversé de grosses difficultés de santé mentale quand j’étais plus jeune, principalement à cause du harcèlement scolaire, des histoires avec des garçons, du revenge porn… C’était une période très compliquée. Je n’en parlais pas à mes parents, par honte, mais aussi parce que le harcèlement te fait croire que tout est de ta faute. On se renferme, on s’isole, et on finit par souffrir en silence. Mes parents ont découvert ce que je vivais le jour où ils m’ont retrouvée à l’hôpital, après une tentative de suicide. Ça a été un choc pour eux comme pour moi, et les années qui ont suivi ont été marquées par beaucoup de chaos. Il a fallu du temps pour remonter la pente.
Ce qui m’a aidée, d’abord, c’est le soutien de mes parents. Ils ont été extrêmement présents, et ça a compté énormément. Ensuite, j’ai toujours été très active sur les réseaux sociaux. J’y partage ma vie depuis que j’ai 10 ans, donc parler de ce que je traversais a été presque naturel. En racontant mon histoire, j’ai réalisé que beaucoup d’autres jeunes vivaient les mêmes choses. Ça m’a aidé à me sentir moins seule. L’art a aussi été un refuge. La peinture, le dessin… C’était une manière d’exprimer des émotions que les mots n’arrivaient même pas à dire. Parfois, mes toiles étaient sombres, mais c’était nécessaire : mieux vaut poser ses images sur une toile plutôt que de les garder pour soi.
Et puis, il y a eu le temps, qui fait son travail, et surtout le projet que je mène aujourd’hui avec mon application Lyynk. Quand tu essayes de mourir, c’est souvent parce que tu ne trouves plus de raison d’avancer. Aider les autres m’a aidée, moi aussi, à retrouver une direction.
JSS : Pensez-vous que le harcèlement soit un facteur majeur de dégradation de la santé mentale chez les jeunes ?
Quand on parle de santé mentale des jeunes, on évoque souvent le harcèlement. C’est donc évidemment un sujet central, un vrai fléau qui laisse des séquelles profondes et dont on mesure aujourd’hui l’ampleur. Mais la réalité est beaucoup plus large : de nombreux autres facteurs fragilisent les adolescents. Parce que j’ai beaucoup partagé ma vie sur les réseaux, j’ai reçu énormément de messages. Et ce qui ressort presque systématiquement, c’est que beaucoup de jeunes ne vont pas bien, parfois indépendamment du harcèlement. L’école revient dans pratiquement tous les témoignages : la fatigue, les devoirs, les examens, la pression quotidienne… Pour beaucoup, c’est une source d’épuisement permanent.
Je n’ai jamais été scolarisée dans le système français, pendant mon enfance j’étais aux États-Unis, et avec le recul, je considère que c’est presque une chance. Ici, beaucoup décrivent un système qui fonctionne comme une machine à broyer : ça marche si tu rentres parfaitement dans le moule. Mais si ce n’est pas le cas, tu es vite laissé de côté et bien plus souvent qu’on ne le croit. Aujourd’hui, plus personne ne semble satisfait : ni les élèves, ni les parents, ni les enseignants. Il faut trouver un juste milieu et moderniser l’éducation, l’adapter aux nouvelles générations. Parce qu’un pays qui laisse ses jeunes s’épuiser ou décrocher, c’est un pays qui se prépare un avenir difficile.
« Les procédures concernant les mineurs devraient être bien plus rapides. On ne peut pas laisser des enfants attendre des années dans l’incertitude. Mentalement, c’est épuisant. Si j’avais su, sincèrement, je ne suis pas sûre que j’aurais eu la force de porter plainte.«
Miel Abitbol, fondatrice de Lyynk
JSS : Pendant votre scolarité, quels types de soutiens avez-vous reçus ? Comment l’école et les professionnels de santé ont-ils réagi ou vous ont-ils accompagnée dans ces moments difficiles ?
M.A. : Quand je suis arrivée en France, à 11 ans, j’ai uniquement fréquenté des écoles américaines ou britanniques, et j’ai eu beaucoup de chance : je suis toujours tombée sur des directrices ou des enseignantes vraiment formidables.
Je me souviens notamment de ma prof d’art en première et terminale, car c’est elle qui m’a transmis le goût de la création et qui m’a énormément soutenue à cette période. En seconde, dans une autre école encore, j’avais une directrice très présente, qui faisait tout pour m’accompagner, même quand c’était très compliqué pour moi. Le collège a été plus difficile, mais globalement, j’ai eu la chance de croiser des personnes bienveillantes qui ont essayé de me tirer vers le haut. Et ça, ça a fait toute la différence.
JSS : La justice vous a-t-elle également apporté du soutien ?
M.A. : Honnêtement, je ne souhaite à personne de se retrouver dans la position dans laquelle j’étais, à treize ans : c’était un signalement fait par l’hôpital, car affronter la justice aussi jeune, c’est extrêmement violent. Parfois, on tombe sur des policiers ou policières formidables, bienveillants et à l’écoute… mais ce n’est pas du tout ce qui m’est arrivé. Je ne généralise pas, je sais qu’il y a des professionnels exemplaires, mais pour moi, ça a été une catastrophe. Les procédures judiciaires sont très dures. J’ai donc porté plainte pour des faits de viol sur mineure, avec un adulte mis en cause, une histoire complexe, mais avec de nombreuses preuves. Et pourtant, la procédure a traîné pendant des années, pour finalement être classée sans suite. Ça fait maintenant deux ans que l’on attend l’appel.
C’est pour ça que sur les réseaux, j’ai beaucoup de mal à dire à des jeunes filles victimes d’agressions : « Portez plainte, la justice fera son travail ». Je leur dis plutôt : prenez soin de vous avant tout. Portez plainte seulement si vous vous en sentez capables, mais ne misez pas toute votre reconstruction sur la justice, parce que, dans les faits, elle ne répond presque jamais. Quand on sait que 94 % des plaintes pour viol sont classées sans suite – selon un rapport du Groupe d’experts sur la violence à l’égard des femmes (GREVIO) – on comprend que le problème est systémique. Je doute qu’il y ait 94 % de menteuses. C’est juste désespérant.
Les procédures concernant les mineurs devraient être bien plus rapides. On ne peut pas laisser des enfants attendre des années dans l’incertitude. Mentalement, c’est épuisant. Si j’avais su, sincèrement, je ne suis pas sûre que j’aurais eu la force de porter plainte. Je me souviens encore du jour où j’ai reçu la notification du classement sans suite : deux ans jour pour jour aujourd’hui. C’était un choc. Et tout le processus l’avait été. L’audition à la brigade des mineurs, par exemple : trois adultes dans une pièce, une caméra braquée sur toi, et toi qui dois raconter des choses ultra intimes, traumatisantes.
Je me rappelle aussi avoir été convoqué pour faire un bilan psychologique, censé évaluer les répercussions sur ma santé mentale. La veille, j’avais fait une tentative de suicide mais je ne l’avais dit à personne. J’y suis quand même allée, la personne qui s’occupait du rendez-vous m’a reproché de pleurer, m’a dit que « ce n’était pas professionnel » et que « ça n’avancerait pas » si je ne parlais pas. J’avais treize ans. Je me sentais coupable alors que je n’y étais pour rien. Ce manque d’écoute et de bienveillance n’est pas partout, et je le répète : je sais qu’il y a des professionnels extraordinaires. Mais quand on vit plusieurs mauvaises expériences dans un même domaine, c’est difficile de garder confiance.
JSS : Combien d’utilisateurs compte réellement Lyynk aujourd’hui ? Et, en lançant l’application, avez-vous rencontré des obstacles ou des résistances (techniques, organisationnelles, ou même psychologiques) ?
M.A. : Aujourd’hui, on a plus de trois cent mille utilisateurs actifs. Quand j’ai eu l’idée de créer Lyynk, c’était presque sur un coup de tête. J’en ai parlé à mon père un peu spontanément : « Et si on faisait une appli pour la santé mentale des jeunes ? » On s’est pris au jeu, on a réfléchi, et je crois qu’à 16 ans, je ne mesurais absolument pas ce que représentait le fait de développer une application, encore moins une appli aussi complète que celle qu’on voulait créer. Heureusement, mon père, qui avait déjà dirigé sa propre entreprise pendant vingt ans, m’a guidée et transmis son savoir sur le monde de l’entreprise.
Il y a énormément de fonctionnalités dans Lyynk, et je n’avais pas conscience de l’ampleur du travail que ça demandait. Je l’ai découvert en avançant, en apprenant sur le tas. On a eu la chance de tomber sur une équipe d’ingénieurs incroyables : vraiment impliqués, très bons techniquement, et qui ont su donner vie à toutes nos idées. Ça a été déterminant.
Les vrais obstacles, au fond, ce n’était pas tant des freins extérieurs que mes propres doutes. Très perfectionniste, j’ai toujours envie que tout soit impeccable, que les gens soient satisfaits de ce que je fais. Et forcément, il y a des moments où ça ne marche pas comme on veut, où je me dis que ce que je fais est nul, où je remets tout en question. Ce sont ces phases-là qui sont les plus compliquées pour moi, plus que n’importe quelle difficulté technique. J’apprends chaque jour et j’essaie de faire de mon mieux, car Lyynk, aujourd’hui, c’est un peu ma vie.
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JSS : Comment imaginez-vous la suite pour Lyynk ?
M.A. : On a beaucoup de projets pour faire évoluer l’application. L’un des plus importants, c’est notre travail avec les écoles. Aujourd’hui, le bien-être mental n’a quasiment pas de place dans le système scolaire, alors qu’on parle de tout… sauf de ce qui se passe dans la tête des élèves. On a donc développé un module qui va être déployé dans des établissements très bientôt.
Concrètement, il y aurait un outil de signalement anonyme pour les cas de harcèlement ou de violences, y compris des histoires de couteaux à l’école, que personne n’ose rapporter pour ne pas « balancer ». Le signalement serait transmis directement à la direction, et un suivi dans l’application permettrait de voir si le cas a été traité. On prévoit aussi des questionnaires trimestriels pour mesurer le bien-être dans l’établissement : les élèves évalueraient leur état, les parents celui de leur enfant, et les enseignants celui de leurs classes. Cela créerait un baromètre de santé mentale et permettrait à un comité bien-être (élèves, enseignants, parents) d’agir concrètement pour améliorer les choses.
Un autre axe qui nous tient à cœur, c’est le lien entre les jeunes et leurs psys. Souvent, les séances sont espacées de deux semaines, et entre-temps, le jeune oublie ce qu’il a vécu ou n’arrive pas à tout raconter. Les professionnels nous le disent : c’est difficile de tout rattraper en une seule séance.
On aimerait donc développer un outil de suivi entre les consultations. Par exemple : en arrivant chez sa psy, le jeune aurait déjà un bilan des deux dernières semaines, ce qui permettrait d’aller plus vite et plus loin. Le psy pourrait aussi proposer des exercices ou des tâches à faire entre les séances. On travaille beaucoup avec des professionnels, dont la psychiatre Claire Morin, cofondatrice de Lyynk, et ils sont très favorables à ce type d’outil. Et ce n’est qu’une partie des projets qu’on a en tête. Notre objectif, c’est de faciliter le lien, parce qu’il n’est pas toujours simple : il y a des psys très bons qui ne matchent pas avec certains jeunes, et inversement. Le feeling compte autant que l’expertise.
JSS : La santé mentale a été désignée par le gouvernement : « grande cause nationale » pour l’année 2025. Comment percevez-vous cette décision ?
M.A. : Honnêtement, ça m’a surtout lassée. Si des mesures concrètes avaient suivi cette annonce, j’aurais pu parler d’un véritable tournant. Mais en réalité, du côté du gouvernement, il ne s’est rien passé. Les responsables politiques multiplient les discours, mais derrière, rien n’avance, ou alors à une vitesse désespérément lente. En 2025, je n’ai vu aucune action qui ait réellement changé la situation en matière de santé mentale, et encore moins pour les jeunes. Les seuls progrès viennent des associations, des professionnels et des initiatives privées. Du côté de l’État, c’est quasiment le néant, et c’est très décevant, surtout quand on parle d’un enjeu aussi essentiel.
Parce qu’une jeunesse qui va mal, c’est aussi un pays qui va mal. Mais visiblement, ce n’est pas une priorité. Ils sont déjà occupés à essayer de maintenir un gouvernement debout plus de deux semaines sous la pression de la censure… alors les sujets de fond, comme la santé mentale, passent après.
« Interdire les réseaux aux moins de 15 ans n’est pas une solution miracle. Cela peut protéger certains jeunes, c’est vrai, mais ce n’est pas la racine du problème.«
Miel Abitbol, fondatrice de Lyynk
JSS : Vous avez rencontré plusieurs responsables politiques, notamment Gabriel Attal lors du lancement de son association Faire Face, ou encore Emmanuel Macron. Quelle impression ces échanges vous ont-ils laissée ?
M.A. : Je ne dirais pas que les responsables politiques ne prennent pas la santé mentale au sérieux, mais j’ai vraiment le sentiment qu’ils se contentent trop souvent de solutions faciles et qu’ils se permettent surtout de balayer la poussière sous le tapis.
Par exemple, après notre rencontre à l’Élysée, le Président a fait un long passage télévisé : trois heures à parler de tous les grands sujets du pays. Quand la santé mentale des jeunes est arrivée sur la table, il y a consacré… deux minutes. Et pour dire quoi ? Qu’il fallait interdire les réseaux sociaux aux moins de quinze ans. C’est tout. Quand tu sais la complexité du sujet, tu te dis : vraiment, c’est la seule réponse ?
La vérité, c’est que la santé mentale, comme l’école, ce sont des chantiers colossaux. Pour l’éducation, tout le monde sait qu’il faudrait une réforme complète. Repenser ce qu’on attend réellement du système scolaire, ce qu’un jeune doit en retirer en terminale, revoir les rythmes, les méthodes… Mais c’est tellement verrouillé de partout que personne n’ose y aller. Et c’est pareil pour la santé mentale. Le problème, c’est que ce sujet touche plusieurs ministères à la fois : Santé, Éducation… Comme ça ne dépend jamais d’un seul ministère, personne ne prend réellement le dossier en main. Résultat : chacun se renvoie la balle, et rien n’avance.
Et peut-être qu’on avance plus vite, nous, de notre côté. Peut-être. Mais on a rencontré le Président début juillet. Ça fait bientôt cinq mois. Et en cinq mois, on peut faire des choses. On devrait faire des choses. Pourtant, rien de concret n’a bougé.
JSS : Le gouvernement envisage d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Selon vous, est-ce une mesure efficace pour protéger la santé mentale des jeunes, ou faut-il plutôt agir autrement ?
M.A. : En réalité, cette mesure repose sur une idée fausse : elle fait comme si la mauvaise santé mentale des jeunes venait uniquement des réseaux sociaux. Or, les troubles psychiques existent depuis toujours. Les réseaux n’en sont pas la cause première : ils les ont surtout révélés et parfois amplifiés. Sans eux, on ne parlerait probablement pas autant de santé mentale aujourd’hui.
Interdire les réseaux aux moins de 15 ans n’est donc pas une solution miracle. Cela peut protéger certains jeunes, c’est vrai, mais ce n’est pas la racine du problème. L’école peut être une source de souffrance, les jeux vidéo aussi, comme bien d’autres choses. Les réseaux ne sont qu’un facteur parmi d’autres, pas le responsable de tout. C’est plus simple de dire « on interdit et le problème est réglé » que de regarder les causes profondes et d’agir réellement.
Le vrai problème, c’est qu’il n’existe quasiment pas d’éducation au numérique à l’école. C’est inquiétant. On ne peut pas tout demander à l’école, mais apprendre à utiliser le numérique et les réseaux sociaux de manière responsable devrait faire partie de sa mission. Quant aux parents, beaucoup n’ont pas les clés pour accompagner leurs enfants, donc ils se retrouvent perdus. Il faut former, il faut éduquer. Et il faut aussi réguler les algorithmes toxiques : lorsqu’un jeune recherche des contenus liés au suicide ou aux troubles alimentaires, une plateforme comme TikTok ne devrait jamais lui proposer des vidéos qui encouragent ces comportements.
L’interdiction ne résoudra pas les problèmes de fond. Elle risque même de masquer ce qui ne va pas, puisque les jeunes n’auraient plus d’espace pour exprimer leur mal-être. Et surtout, elle ne correspond pas à la réalité : aujourd’hui, 67 % des 8–10 ans sont déjà sur les réseaux. On peut être pour ou contre, c’est un fait. On continue à fermer les yeux si on fait comme si ce n’était pas le cas. De plus, les jeunes savent déjà contourner les blocages, ils utilisent des VPN, parfois mieux que les adultes. Une interdiction rigide pourrait même être contre-productive : elle laisserait des adolescents découvrir les réseaux plus tard, mais sans avoir été éduqués avant à s’en servir correctement.
JSS : Le 6 novembre avait lieu la Journée nationale de lutte contre le harcèlement. Selon une récente étude menée dans le second degré, les parquets ont enregistré 10 100 affaires de harcèlement scolaire depuis mars 2022 : 530 dossiers en 2022, 3 500 en 2023 et 6 100 en 2024. Comment réagissez-vous face à cette hausse très nette ?
M.A. : On assiste surtout à une libération de la parole. Les jeunes parlent davantage aujourd’hui, parce qu’on leur répète qu’ils ont le droit de le faire, qu’ils ne doivent ni avoir peur ni avoir honte. Cela entraîne mécaniquement une augmentation des signalements et donc des procédures.
Le vrai enjeu, maintenant, c’est ce que deviennent toutes ces affaires. On peut engager énormément de démarches, mais leur aboutissement reste compliqué. Condamner des adolescents de quatorze, quinze ou seize ans n’est jamais simple, ni juridiquement ni humainement.
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