Le 80e Congrès de l’Ordre des experts-comptables fait le plein de participants et de solutions concrètes pour demain

Ambiance festive, playlist assurée par André Manoukian au piano le jour et Bob Sinclar aux platines dès la nuit tombée, prises de paroles inspirantes de Thomas Pesquet ou de Luc Ferry, exposition riche retraçant l’histoire de la profession : ce Congrès de l’Ordre des experts-comptables a célébré avec panache les 80 ans de l’ordonnance à l’origine de la création de la profession d’expert-comptable.

Mais que l’on ne s’y trompe pas : au-delà des DJ sets et des discours émouvants, c’est bien l’avenir de la profession qui était au cœur de tous les échanges. Au total, plus de 9000 congressistes ont participé aux ateliers, conférences et rencontres avec les quelque 310 exposants, 68 partenaires et 150 intervenants venus échanger autour des enjeux qui redessinent la profession d’expert-comptable. Avec une thématique globale : l’ADN, pour Adaptation Durable et Numérique.

Adaptation à l’intelligence artificielle

Menace pour les uns, solution miraculeuse pour les autres : l’influence de l’Intelligence artificielle dans le métier d’expert-comptable n’en finit pas d’alimenter les débats. Les ateliers et conférences sur le sujet ont permis d’éliminer quelques fantasmes et de redéfinir le rôle de l’IA. Loin de remplacer les professionnels, l’outil doit être vu comme un levier de performance : « L’intelligence artificielle est devenue incontournable pour notre profession et marque un tournant aussi décisif que l’arrivée de l’informatique. Les experts-comptables qui sauront en tirer parti transformeront le temps libéré en opportunités pour développer des missions à forte valeur ajoutée. », explique Jessica Hamon, co-rapporteure du Congrès.

L’objectif affiché est de piloter cette révolution technologique sans la subir. Un espace dédié au sein d’Eurexpo, “IA by CNOEC” a permis aux participants de comprendre, se familiariser, tester l’outil pour l’intégrer au mieux dans leurs pratiques quotidiennes. Ludiques et concrets, les ateliers invitaient les congressistes à rédiger un prompt pour générer un compte-rendu de réunion, préparer des e-mails automatisés pour leurs clients ou encore analyser un contrat pour en relever ses éventuelles anomalies. Les apports de l’IA au service de la gestion des ressources humaines ont aussi été éprouvés, avec la préparation d’un entretien d’embauche à partir d’un CV ou encore la création d’une fiche de poste. Le tout, en assurant évidemment la protection des données partagées.

Comment réinventer le modèle des cabinets d’experts comptables ?

Du cabinet de proximité au grand groupe international, du professionnel chevronné à l’expert-comptable fraîchement diplômé, il n’existe pas un, mais plusieurs modèles d’évolution pour les cabinets. Pour rester compétitifs, les experts-comptables doivent revoir leur modèle économique tout en développant des offres nouvelles. Spécialisation sectorielle ou diversification des activités, croissance externe ou excellence de niche : ce sont ces différents choix qui font la diversité des expertises, et la force du métier d’expert-comptable. Les transitions en cours ont aussi été présentées comme des opportunités pour réaffirmer le rôle de conseil des professionnels auprès des chefs d’entreprise, et tisser avec eux une relation pérenne faite de confiance et de vision stratégique.

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La question de l’humain se place également au cœur de ces enjeux de transformation. Comment embarquer ses équipes et ses collaborateurs dans le changement ? Mieux, comment les rendre acteurs de ces transformations ? Comment composer avec des générations de professionnels qui n’ont ni la même vision du métier, ni les mêmes attentes au travail ? Comment attirer et fidéliser les jeunes talents ? « S’adapter, c’est reconnaître qu’il n’y a pas de scénario préétabli ou de solution unique. C’est avant tout écouter son environnement pour en tirer parti », résume Murielle Perrin, rapporteure générale du Congrès.

Numérique : faire d’une évolution inévitable un levier pour se réinventer

La digitalisation du métier d’expert-comptable était aussi l’un des piliers de ce Congrès. Alors que certains craignent que la facturation électronique sonne la fin de la comptabilité, les intervenants ont insisté sur l’opportunité que représente cette obligation réglementaire. En effet, la facturation électronique doit permettre d’automatiser la saisie et d’en tirer parti, en exploitant les données en temps réel par exemple.

Lors de la plénière d’inauguration, Amélie Verdier, Directrice générale des Finances publiques (DGFiP) a confirmé que le calendrier de la facture électronique était désormais stabilisé et n’évoluerait plus. Une information qui a soulagé les professionnels, un an avant l’entrée en vigueur de la réforme. Alors que 85 % de la profession s’est déjà engagée dans le processus de modernisation, les 15 % restants n’ont toujours pas choisi de plateforme agréée. Un retard qui pourrait avoir de lourdes conséquences, puisque 3 millions d’entreprises devront être opérationnelles à horizon 2026.

Autre temps fort : l’Ordre des experts-comptables a dévoilé lors du Congrès le déploiement d’Expert ID, une carte d’identité professionnelle entièrement numérisée. Destinée à lutter contre l’usurpation d’identité, le phishing, la fraude documentaire et le blanchiment d’argent, l’application permet de renforcer la sécurité de toutes les démarches effectuées. « Un gage de confiance et de transparence auprès des clients, partenaires et administrations de l’affiliation de chacun à l’Ordre des experts-comptables », assure l’Ordre. Dans les heures qui ont suivi cette annonce phare, 6 000 téléchargements de l’application avaient déjà été enregistrés. Objectif, pour les représentants de la profession : continuer d’informer sur l’existence de ce nouveau dispositif pour en faire un outil utilisé au quotidien au sein des cabinets.

Dans un monde guidé par la digitalisation et l’automatisation, les experts-comptables entendent revendiquer leur unité et leur identité pour faire la différence, en s’appuyant sur une révolution technologique déjà en marche. Avec ces objectifs : préserver leur rôle de conseillers de confiance, et accompagner avec éthique, pour les 80 années à venir… A minima.