40 ans du Raid : « une unité atypique » entre action et négociation

Basé à Bièvres depuis sa création le 23 octobre 1985, le Raid (pour recherche, assistance, intervention, dissuasion) est un groupe d’élite de la police nationale mobilisé pour les interventions à hauts risques. 40 ans après sa naissance, le service s’adapte à de nouvelles menaces et continue de s’étoffer, avec la négociation comme moyen d’action privilégié.


avatar
Mylène Hassanylundi 27 octobre3 min
Écouter l'article
©Communication Raid

Prises d’otages, grand banditisme, neutralisation d’individus dangereux, protection de personnalités et du Président de la République… Fondée en 1985 par Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur du gouvernement Fabius, l’unité participe à la lutte contre toutes les formes de criminalité et se définit comme « le bras armé » du directeur général de la police nationale. Ses moyens d’action ? La négociation ou l’intervention.

« L’ambition était de doter la police d’un service d’intervention à compétence nationale pour faire face aux actions terroristes croissantes », décrit un article d’Essonne la revue, publication du Département, qui revient sur la création du Raid. Depuis, l’unité d’élite a vu son histoire jalonnée d’événements et de missions très médiatiques. La traque d’Ivan Colonna en Corse, les attaques terroristes de l’Hyper-Casher de la Porte de Vincennes et du Bataclan à Paris, sont autant de crises qui ont marqué les esprits et construit l’image de ces policiers spécialisés, inspirant même la fiction : le film Novembre, de Cédric Jimenez, revient ainsi sur l’opération policière menée après les attentats du 13 novembre à Paris, et sur l’assaut de Saint-Denis qui a mobilisé les équipes du Raid et de la BRI. « En très peu de temps, avec l’assaut de l’Hyper Casher, le Bataclan et Saint-Denis, nous nous sommes retrouvés (…) face à des situations que certains anciens opérateurs de l’unité n’ont peut-être jamais vécues, de véritables situations de guerre », témoigne un chef de la section d’intervention du Raid sur le site de la police nationale.

Négociation et technicité

Mais ces missions d’ampleur « ne représentent qu’une petite partie de nos missions », précise dans Essonne la revue le commandant Philippe T., responsable de section opérationnelle, en poste au Raid depuis vingt-huit ans.« Et dans ces situations, nous privilégions toujours la négociation pour essayer d’obtenir une reddition volontaire. »

La négociation, qui fait elle aussi toujours l’objet de nombreux fantasmes, reste donc l’instrument prioritaire du Raid, « pour éviter un assaut qui est toujours un peu traumatisant pour tout le monde », assurait il y a peu à l’AFP Guillaume Cardy, chef de cette unité d’élite de la police nationale. Quand on entre dans la police par vocation, on est toujours attiré par les services d’exception. Le Raid est à la fois la vitrine de la police nationale et une unité atypique, qui porte des valeurs et fait preuve d’une grande technicité ».

Dans un article de L’Express décrivant cet « art de la négociation », les intervenants du Raid expliquent entre autres « s’informer tous azimuts, travailler pendant les temps morts (…) sur l’hypnose, la radicalisation, la suicidologie, la communication, les différentes mouvances masculinistes », ou encore de l’ultra-droite, et les « citoyens souverains » – (anti-Etat, complotistes, etc.).

Le 25 septembre dernier, cette « unité atypique » célébrait ainsi ses quatre décennies en grandes pompes, lors d’une cérémonie sur son site de Bièvres – cette commune du Nord de l’Essonne a été choisie, à l’époque, pour sa proximité avec Paris et avec les grands axes routiers.

Des démonstrations, aussi bien aériennes que terrestres, ont permis de valoriser « la technicité, la coordination et la détermination des opérateurs du Raid », détaille François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne, dans une publication revenant sur l’événement. Elus du territoire, officiels, ont rendu hommage à ces agents qui ont pour devise : « servir sans faillir ». Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, présent ce jour-là, a salué aussi les exploits passés de l’unité, et s’est fendu, sur ses réseaux sociaux, d’un laconique « Longue vie au Raid ».

Cet anniversaire a aussi permis aux autorités présentes de rappeler le développement – et ce, dans un contexte budgétaire toujours contraint – des moyens de sécurité intérieure, avec la création de quatre nouvelles compagnies républicaines de sécurité « nouvelle génération », sur le modèle de la CRS 8, installée en Essonne depuis 2021.Le Raid continue, lui aussi, de s’étoffer et de s’adapter aux nouvelles menaces : « À ses débuts, le Raid comptait 80 policiers. Aujourd’hui, l’échelon central et les seize antennes rassemblent près de 500 personnes », informe Guillaume Cardy.

Partager l'article


0 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à la Newsletter !

Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.