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Avec son incubateur Momentum Studio, l’Essec mise sur le business interdisciplinaire


vendredi 2 août 202413 min
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Spécialisé dans les deeptechs, les technologies de rupture, le dispositif vise à mettre en commun les savoir-faire des scientifiques, des entrepreneurs et des spécialistes des politiques publiques pour faire émerger des solutions innovantes à « impact positif ».

L’Essec veut doper les start-ups grâce à l’excellence scientifique. Lancé officiellement en mai dernier, mais en germe depuis déjà deux ans, le dispositif « Momentum Studio » de l’école de management vise à « connecter le monde de la recherche avec celui de l'entrepreneuriat » en pariant sur la synergie entre scientifiques et créateurs de jeunes pousses.

Afin de mener à bien ce projet ambitieux qui fédère aujourdhui une dizaine de start-ups, l’Essec sest entourée de partenaires stratégiques et denvergure, tels que le CNRS, CY Paris Université, le fonds d’investissement Erganeo et le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema).

« Avoir une approche business le plus tôt possible »

La dimension collaborative et pluridisciplinaire du dispositif sappuie sur le Pôle universitaire dinnovation (PUI) CY Transfer, dont le chef de file est luniversité de Cergy-Pontoise. Financés via le programme France 2030 et expérimentés depuis 2021, les PUI sont des labels décernés par le ministère de lEnseignement supérieur de la Recherche et de l'Innovation. Composés dun groupement dacteurs de la recherche issue dun écosystème local, centralisé autour des universités, les PUI visent à « structurer et renforcer l'innovation sur un territoire donné », détaille Christelle Le Moullec, responsable du service partenariat et valorisation au CNRS.

Cest dans ce cadre-là que le CNRS a participé au projet Essec Momentum Studio. « Lidée, cest vraiment daccompagner des projets de start-ups dans tout ce qui [se passe] avant la création et hors scientifique, indique Christelle Le Moullec. Cela signifie quil faut mener une approche business le plus tôt possible, lever des freins par des études de marché, mais aussi trouver le porteur du projet, le P-dg de la future start-up en lien avec le chercheur qui pourra laider. Ce binôme-là doit être complémentaire. »

À la pointe de la recherche, le CNRS sappuie en retour sur ce nouvel incubateur pour diversifier le champ de compétences de ses scientifiques. Et ce, toujours dans loptique de développer la dimension business de la start-up « en lien avec le chercheur à lorigine dune technologie quil maîtrise », explique Christelle Le Moullec. « Comment amener cette technologie dans le monde économique ? Comment on va lexploiter pour que la start-up soit rentable ? » 

Valoriser les travaux universitaires

Du côté du Cerema, établissement public spécialisé dans lactivité de conseils, dexpertise et dingénierie à destination de lÉtat et des collectivités territoriales, le Momentum Studio vient prolonger le contact que la structure entretient déjà avec le monde de lentreprise en matière de mobilité, d’infrastructure des transports ou encore d’activités liées à la mer et au littoral.

« Nous sommes qualifiés pour de la recherche partenariale en lien avec le monde des entreprises en général et nous avons également mis en place le Cerema Lab, un dispositif daccompagnement de start-ups », avance Siegfried Maiolino, directeur des projets de valorisation et des partenariats industriels du Cerema.

Avec les start-ups, le Cerema souhaite « travailler dans les deux sens parce que certaines sont porteuses dinnovations qui sont sur nos champs de compétences et daction et à terme, elles peuvent déployer leurs produits auprès de lÉtat, des collectivités ou des entreprises qui travaillent pour ces collectivités. Dans ce sens, nous pouvons être amenés à accompagner leurs innovations, en faisant appel à toutes nos compétences », expose le responsable.

Pour cet ancien chercheur et ingénieur de métier, « un startupper na pas forcément des connaissances sur le produit fini ou les attentes du monde industriel, ça, cest un rôle quon peut avoir ». Le Cerema voit aussi dans ce partenariat l’occasion de mettre en valeur les projets de recherche menés au sein des laboratoires universitaires. Les start-ups peuvent ainsi apporter une plus-value pour des innovations « liées notamment aux enjeux du changement climatique mais aussi à ceux liés à la numérisation de la société », précise Siegfried Maiolino.

Christelle Le Moullec partage le même constat. Si lune des missions du CNRS est de faire avancer les connaissances au niveau de la recherche, l’établissement se focalise aussi sur la « valorisation de ces travaux qui peut prendre pour forme la création de start-ups », afin de faire rayonner la propriété intellectuelle des laboratoires. Selon la responsable partenariats, lEssec peut donc également porter la casquette de « prestataire » auprès du CNRS.

Raccourcir la chaîne de décision

Outre donner corps aux projets, les start-ups remplissent aussi leur part dans ce dispositif complémentaire. « Nous n’avons pas forcément toutes les ressources, notamment dans la tech, donc sur un certain nombre de sujets portant sur la numérisation des routes ou lemploi de lintelligence artificielle [IA] pour certaines de nos activités [relatives] aux IA génératives », cette collaboration présente un avantage, explique Siegfried Maiolino du Cerema.

Jusqu’aux méthodes de travail : « Pour un chercheur, l'entrepreneuriat comporte des risques mais il y a aussi une dimension quon trouve dans les startups et dans les PME, qui est une souplesse, une réactivité, c'est-à-dire un raccourcissement des chaînes de décision et ça cest intéressant », affirme le responsable.

Encore en période de préparation, le Momentum Studio souhaite sadresser à plus de 1900 chercheurs répartis dans 27 laboratoires français, rapporte l'Essec dans un communiqué. Mais pour le moment, le Cerema et l’école, qui doivent se revoir dici lautomne, travaillent à « identifier des projets qui pourraient rentrer dans le dispositif », confie Siegfried Maolino.

Du côté de la collaboration avec le CNRS, une technologie a dores et déjà vu le jour. Ce projet porte sur « la navigation bio-inspirée des véhicules autonomes [et] associe les neurosciences et la robotique en utilisant de lIA », détaille Christelle Le Moullec. De quoi guider le Momentum Studio sur le chemin de la réussite.

Yslande Bossé 

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