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L’Essec veut doper les start-ups grâce à l’excellence scientifique. Lancé officiellement en mai dernier, mais en germe depuis déjà deux ans, le dispositif « Momentum Studio » de l’école de management vise à « connecter le monde de la recherche avec celui de l'entrepreneuriat » en pariant sur la synergie entre scientifiques et créateurs de jeunes pousses.
Afin de mener à bien ce projet ambitieux qui fédère aujourd’hui une dizaine de start-ups, l’Essec s’est entourée de partenaires stratégiques et d’envergure, tels que le CNRS, CY Paris Université, le fonds d’investissement Erganeo et le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema).
La dimension collaborative et pluridisciplinaire du dispositif s’appuie sur le Pôle universitaire d’innovation (PUI) CY Transfer, dont le chef de file est l’université de Cergy-Pontoise. Financés via le programme France 2030 et expérimentés depuis 2021, les PUI sont des labels décernés par le ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l'Innovation. Composés d’un groupement d’acteurs de la recherche issue d’un écosystème local, centralisé autour des universités, les PUI visent à « structurer et renforcer l'innovation sur un territoire donné », détaille Christelle Le Moullec, responsable du service partenariat et valorisation au CNRS.
C’est dans ce cadre-là que le CNRS a participé au projet Essec Momentum Studio. « L’idée, c’est vraiment d’accompagner des projets de start-ups dans tout ce qui [se passe] avant la création et hors scientifique, indique Christelle Le Moullec. Cela signifie qu’il faut mener une approche business le plus tôt possible, lever des freins par des études de marché, mais aussi trouver le porteur du projet, le P-dg de la future start-up en lien avec le chercheur qui pourra l’aider. Ce binôme-là doit être complémentaire. »
À la pointe de la recherche, le CNRS s’appuie en retour sur ce nouvel incubateur pour diversifier le champ de compétences de ses scientifiques. Et ce, toujours dans l’optique de développer la dimension business de la start-up « en lien avec le chercheur à l’origine d’une technologie qu’il maîtrise », explique Christelle Le Moullec. « Comment amener cette technologie dans le monde économique ? Comment on va l’exploiter pour que la start-up soit rentable ? »
Du côté du Cerema, établissement public spécialisé dans l’activité de conseils, d’expertise et d’ingénierie à destination de l’État et des collectivités territoriales, le Momentum Studio vient prolonger le contact que la structure entretient déjà avec le monde de l’entreprise en matière de mobilité, d’infrastructure des transports ou encore d’activités liées à la mer et au littoral.
« Nous sommes qualifiés pour de la recherche partenariale en lien avec le monde des entreprises en général et nous avons également mis en place le Cerema Lab, un dispositif d’accompagnement de start-ups », avance Siegfried Maiolino, directeur des projets de valorisation et des partenariats industriels du Cerema.
Avec les start-ups, le Cerema souhaite « travailler dans les deux sens parce que certaines sont porteuses d’innovations qui sont sur nos champs de compétences et d’action et à terme, elles peuvent déployer leurs produits auprès de l’État, des collectivités ou des entreprises qui travaillent pour ces collectivités. Dans ce sens, nous pouvons être amenés à accompagner leurs innovations, en faisant appel à toutes nos compétences », expose le responsable.
Pour cet ancien
chercheur et ingénieur de métier, « un startupper n’a
pas forcément des connaissances sur le produit fini ou les attentes du monde
industriel, ça, c’est un rôle qu’on peut avoir ». Le Cerema voit aussi dans ce partenariat l’occasion de
mettre en valeur les projets de recherche menés au sein des laboratoires universitaires.
Les start-ups peuvent ainsi apporter une plus-value pour des innovations « liées
notamment aux enjeux du changement climatique mais aussi à ceux liés à la numérisation
de la société », précise Siegfried Maiolino.
Christelle Le Moullec partage le même constat. Si l’une des missions du CNRS est de faire avancer les connaissances au niveau de la recherche, l’établissement se focalise aussi sur la « valorisation de ces travaux qui peut prendre pour forme la création de start-ups », afin de faire rayonner la propriété intellectuelle des laboratoires. Selon la responsable partenariats, l’Essec peut donc également porter la casquette de « prestataire » auprès du CNRS.
Outre donner corps aux projets, les start-ups remplissent aussi leur part dans ce dispositif complémentaire. « Nous n’avons pas forcément toutes les ressources, notamment dans la tech, donc sur un certain nombre de sujets portant sur la numérisation des routes ou l’emploi de l’intelligence artificielle [IA] pour certaines de nos activités [relatives] aux IA génératives », cette collaboration présente un avantage, explique Siegfried Maiolino du Cerema.
Jusqu’aux méthodes de travail : « Pour un chercheur, l'entrepreneuriat comporte des risques mais il y a aussi une dimension qu’on trouve dans les startups et dans les PME, qui est une souplesse, une réactivité, c'est-à-dire un raccourcissement des chaînes de décision et ça c’est intéressant », affirme le responsable.
Encore en période de préparation, le Momentum Studio souhaite s’adresser à plus de 1900 chercheurs répartis dans 27 laboratoires français, rapporte l'Essec dans un communiqué. Mais pour le moment, le Cerema et l’école, qui doivent se revoir d’ici l’automne, travaillent à « identifier des projets qui pourraient rentrer dans le dispositif », confie Siegfried Maolino.
Du côté de la
collaboration avec le CNRS, une technologie a d’ores
et déjà vu le jour. Ce projet porte sur « la navigation bio-inspirée des véhicules
autonomes [et] associe les neurosciences et la robotique en utilisant de l’IA », détaille Christelle Le Moullec. De quoi guider le Momentum
Studio sur le chemin de la réussite.
Yslande Bossé
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