Cérémonie de remise des Prix Jeunes contre l’Exploitation Sexuelle


mardi 29 janvier 20195 min
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Le 11 décembre dernier, Yves Charpenel, président de la Fondation Scelles, Premier avocat général à la Cour de cassation, et Roselyne Bachelot, marraine des Prix Jeunes 2018, étaient présents à la cérémonie de remise de la 5e édition des Prix Jeunes contre l’exploitation sexuelle organisée par la Fondation Scelles.

 

Depuis 25 ans, la Fondation Scelles, reconnue d’utilité publique, combat le système prostitutionnel et l’exploitation des personnes en situation de prostitution.

Le 11 décembre dernier, la Bibliothèque du barreau de Paris accueillait la cérémonie de remise des Prix Jeunes contre l’Exploitation Sexuelle. À cette occasion, les plus talentueux des 32 candidats – avocats, journalistes, magistrats, photographes et slameurs – ont été récompensés pour avoir dénoncé, chacun dans leur domaine de compétence, l’exploitation liée à la prostitution. Visant à protéger la jeunesse contre l’exploitation sexuelle, cette opération donne la parole aux jeunes « pour sensibiliser d’autres jeunes et le public aux réalités et aux dangers de l’exploitation sexuelle et pour participer au changement des mentalités ».

Cinq concours venaient composer cette remise de prix : réquisitoire, visuel, reportage, plaidoirie et slams. Chacun dénonce, à sa manière, l’exploitation sexuelle. Deux lauréats ont été, dans chaque catégorie, distingués – avec un prix remis par le public et l’autre par le jury de personnalités (voir encadré) –, soit dix lauréats au total, dont les travaux ont été particulièrement marquants.

« Stop à la marchandisation du corps », tel était le thème de cette édition : « C’est sous ce slogan et à partir d’histoires réelles ou inspirées de faits réels, que les candidats de l’édition 2018 ont travaillé pour décrire le milieu de la prostitution fait de violence, de drogues et d’agressions en tous genres ; la prostitution des mineurs ; le phénomène des loverboys ; le “tourisme sexuel” ; l’esclavage sexuel de migrantes nigérianes ; la prostitution étudiante » précise la fondation dans son communiqué.

Tout au long de l’année, de mai à novembre, se sont ainsi tenus les différents concours. Du 28 novembre au 7 décembre 2018, le public était invité à voter sur Internet. Le jury, quant à lui, a délibéré sur l’ensemble du concours. Présentation du palmarès. 





CONCOURS DE RÉQUISITOIRE


Le 16 mai 2018 s’est tenu le concours de réquisitoire à l’École nationale de la magistrature, à Bordeaux. Trois futurs substituts du procureur de la promotion 2016 y ont participé. Amélie Vivet, Naïma Mohraz et Pierre Besse se sont glissés dans la peau du magistrat du parquet requérant aux Assises dans une affaire de viols et agressions sexuelles sur mineurs commis lors d’un voyage en Thaïlande.

C’est le réquisitoire de Naïma Mohraz que le jury a récompensé : « (...) Les accusés prétendent aussi qu’ils ont agi avec le consentement de leurs partenaires. Vous ne vous laisserez pas duper. Il y a dans ces affirmations des relents de racisme si nauséabonds que toute cette salle d’audience en est embaumée.

Non, un enfant asiatique n’est pas moins un enfant qu’un enfant français. Il n’a pas plus envie que l’on s’en prenne à son intimité, qu’on l’emmène dans un lit ou qu’on le traîne dans un coin sombre pour assouvir des fantasmes d’adulte, qui dépassent sa compréhension, le prennent par surprise, par contrainte. Sa culture et son milieu ne font pas de lui un petit être lubrique, disposé à tous les jeux érotiques. (...) »

Le réquisitoire d’Amélie Vivet a, quant à lui, reçu la majorité des votes du public : « J’entends déjà la défense plaider l’absence de contrainte, insister sur le “consentement” de l’ensemble des personnes prostituées auxquelles les accusés ont eu recours, et ce peu importe leur âge. (...) Qui oserait soutenir de bonne foi qu’à 8 ans, qu’à 9 ans, dans un bordel de Pukhet, on est en mesure de consentir, quand on sait ce que ce mot veut dire, à parfois des dizaines des relations sexuelles complètes par jour avec des adultes et notamment des farangs ? (...) Je vous demande donc de refuser que l’institution judiciaire participe à la banalisation de la marchandisation du corps des autres, et a fortiori de celui des plus vulnérables qu’elle a pour mission de protéger quelle que soit leur place dans le monde. »

 

CONCOURS DE VISUELS

Ils étaient seize élèves-photographes au total, à candidater cette année au concours de visuels, en traitant le sujet sous l’angle du « Coût de la prostitution ». Le concours, intégré au cursus pédagogique de l’École Louis Lumière, concerne des étudiants de première année en section photographique.

Le prix du jury du meilleur visuel a été remis Jérôme Cortie, ex-aequo avec Eve Devulder. Le prix du public a instigué le visuel de Jade Annest.

   


Par Jérôme Cortie


 

Par Eve Devulder

 

Par Jade Annest



CONCOURS DE REPORTAGE

Cinq étudiantes en journalisme, dont certaines ont travaillé en binômes, ont enquêté en France, aux Pays-Bas et en Espagne sur la marchandisation du corps dans la prostitution. Trois reportages qui mettent en lumière l’objectification des victimes et les violences physiques, sexuelles et psychologiques dans la prostitution ont été présentés.

Le prix du jury a été remis à Maëlys Septembre et Claudia Bertram, récompensant leur reportage « De victime de la traite à couturière ».

Cette année, c’est le reportage « Loverboys » d’Auriane Guerithault et Laura Taouchanovq qui a été distingué par les votes du public.

 

CONCOURS DE PLAIDOIRIES

Le concours de plaidoiries – qui a attiré 21 avocats depuis sa création – a eu lieu dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, organisée par le barreau de Paris en partenariat avec la Fondation Scelles, le 26 novembre dernier. Trois anciens Secrétaires de la Conférence du barreau de Paris étaient en compétition pour la meilleure plaidoirie.

Léa Dordilly (promotion 2016), Maître Georges Sauveur (promotion 2011) et Maître Fanny Vial (promotion 2017), représentaient une association française de lutte contre l’exploitation sexuelle en qualité de partie civile contre des « clients » de la prostitution poursuivis pénalement.

La plaidoirie de Léa Dordilly a su séduire tant le public que le jury : « Sans doute, elle regrettera le silence des autres. Celui des autorités locales. Qui plutôt que de surveiller et punir, détournent le regard et rendent la monnaie. Dépouillant les victimes du dernier rempart légitime : le droit d’être entendue, écoutée, protégée » a-t-elle déclaré.

 

CONCOURS DE SLAM

Nouveauté de l’année, le concours de slam a recueilli les travaux de cinq candidats, accompagnés par la fondation OPEJ qui agit dans le domaine de la protection de l’enfance, lors d’ateliers d’écritures, et coachés par un artiste slameur, Black Kalagan, parrain du concours 2018.

Le jury a récompensé le slam de Simba intitulé « Mon corps n’est pas à vendre » :

« Il faut me comprendre

Comment se défendre

Si presque personne ne m’écoute ?

Ils n’pensent qu’à nous vendre

À leurs yeux je ne suis qu’un objet

Pourtant j’ai beaucoup de projets

Et dis-moi, qui me protège ? »

Le public a, quant à lui, remis son prix à Priscou, pour son slam « Une mère qui aime sa fille n’aime pas ce qu’on lui fait subir » :

« Une mère qui aime sa fille

N’aime pas ce qu’on lui fait subir

On lui a fait subir de l’humiliation, de la désolation

Mais en grande partie de l’exploitation

Sommes-nous en pleine déshumanisation ? ».

 

Tous les travaux récompensés sont visibles dans leur intégralité sur le site http://prixjeunes2018.strikingly.com/palmares

 

Constance Périn

 

 

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