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Prix Ludovic-Trarieux : la Chinoise Wang Yu récompensée


mardi 9 août 20163 min
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L'avocate chinoise Wang Yu, emprisonnée depuis juillet 2015, a été désignée lauréate 2016 du Prix Ludovic-Trarieux, le 4 juin 2016, à Athènes.

 

Le Prix Ludovic Trarieux 2016 a été décerné à Athènes le  samedi 4 juin 2016 à l' avocate chinoise WANG Yu. Le Prix international des droits de l'homme Ludovic Trarieux a été créé en 1984 par l’Institut des droits de l’homme du barreau de Bordeaux. Il est attribué désormais chaque année par un jury composé de représentants de plusieurs barreaux européens et organisations internationales d'avocats (Paris, Bordeaux, Amsterdam, Berlin, Bruxelles, Genève, Athènes, Luxembourg, l'Unione forense per la tutela dei diritti dell'uomo (Rome), l'Institut des droits de l'homme des avocats européens (IDHAE) et l'Union internationale des avocats (UIA)). Cette année étaient notamment présents Madame la Vice Bâtonnière du barreau de Paris Dominique Attias, et le Président de l'UIA monsieur Jean-Jacques Uettwiller. Le prix est remis à "un avocat sans distinction de nationalité ou de barreau, qui aura illustré par son œuvre,  son activité ou ses souffrances, la défense du respect des droits de l'homme, des droits de la défense, la suprématie du droit, la lutte contre les racismes et l'intolérance sous toutes leurs formes". Le prix porte le nom de celui qui a fondé la Ligue des droits de l'homme en 1898. Le premier lauréat a été l'ancien président sud-africain et avocat Nelson Mandela qui était alors à l'époque emprisonné.

Me Wang Yu, 45 ans, a été élue dès le 1er tour du scrutin. "Le jury a voulu distinguer l'opiniâtreté dans le courage d'une femme qui, avocate en droit commercial à ses débuts, a décidé qu'elle ne pouvait plus se taire dans le confort et a choisi d'exposer sa liberté pour défendre les droits des femmes des enfants et des minorités persécutées (Déclaration du président du jury à l'AFP le Bâtonnier  Bertrand Favreau).  Me Wang Yu a été arrêtée le 9 juillet 2015, et inculpée de subversion contre l'Etat, passible de la prison à vie. Quelques semaines avant son arrestation, elle faisait partie de la défense de membres du mouvement religieux banni Falun gong, et s'était vivement exprimée contre les mauvais traitements dont étaient victimes ses clients.  Dans la foulée de son arrestation, et de celle d'une dizaine d'autres avocats chinois, une centaine d'autres qui s'étaient élevés contre ces interpellations avaient eux-mêmes été inquiétés par la justice chinoise.  Le mari de Me Wang Yu est lui aussi toujours en prison et leur fils de 16 ans vit sous surveillance policière. L'avocate, à l'origine spécialisée dans le droit des affaires, avait été condamnée à deux ans et demi de prison en 2008 pour s'être rebellée contre des employés des chemins de fer et des policiers qui lui avaient interdit d'accompagner son mari sur le quai. Elle avait fait le choix de spécialiser dans les droits des plus faibles à sa sortie de prison. Elle est devenue l’emblème de la « répression 709 » (en référence à la très grave répression des autorités chinoises à l’encontre des avocats le 9 juillet 2015, une des plus sévères répressions ayant frappé les avocats en Chine). (...)


Christophe Pettiti,

Avocat au Barreau de Paris,

Secrétaire général de l'Institut des droits de l'homme des avocats européens

Retrouvez la suite de cet article dans le Journal Spécial des Sociétés n° 62 du 6 août 2016

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