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En 2020, près de 40 % des Français de moins de 35 ans ont reconnu avoir déjà utilisé un site ou une application pour faire une rencontre amoureuse. Au total, 26 % des Français se sont inscrits au moins une fois, dans les dix dernières années, sur un site de rencontre. Que recherchent ceux qui s’y inscrivent ? Quels sont les principaux acteurs du marché. Quelles sont leurs offres et quel est leur poids économique ? Peut-on vraiment trouver l’amour sur la toile ?
Le marché des sites de rencontres est florissant en France, où ils sont près de 2 000 à coexister. L’Hexagone est, ainsi à l’heure actuelle, le troisième plus gros marché des rencontres en ligne en Europe, et le nombre d’utilisateurs ne cesse d’augmenter. Dans le cadre du lancement de la fonctionnalité « Dating » de Facebook, Facebook France et l’IFOP ont mené une étude comparative entre janvier et octobre 2020 sur l’usage et la fréquentation des applications de rencontre, et sur l’impact du premier confinement sur les rencontres en ligne. Résultat : le confinement a accru l’utilisation des applications de plus de 2 points en 6 mois, entre janvier et octobre 2020. D’après Statista – un site Internet qui publie des statistiques sur de nombreux sujets –, les revenus générés par les sites de rencontres en 2025 devraient s’élever à plus de 200 millions d’euros.
Le succès des sites de rencontre est en grande partie lié à l’essor du numérique, à l’explosion du taux d’équipement en smartphones, mais surtout au nombre croissant de célibataires en France.
DE PLUS EN PLUS DE CŒURS À PRENDRE
Les premiers sites de rencontres en ligne sont apparus en France dans les années 2000. Très rapidement, grâce à la généralisation de l’usage d’Internet, le nombre d’inscrits s’est envolé.
Notre pays compte près de 130 000 divorces par an : plus de 45 % des mariages finissent en rupture. En outre, ceux qui se marient le font de plus en plus tard : l’âge moyen en 2020 s’établissait à 36,4 ans pour les femmes, et 38,9 ans pour les hommes. Les individus restent donc de plus en plus longtemps célibataires.
En 2020, selon l’INSEE, près de 10 millions de personnes vivaient seules (sans conjoint, enfant, colocataire ou proche). Le nombre de célibataires a donc doublé en 30 ans. Le rallongement de la durée de vie explique également que de nombreux séniors – les femmes notamment – se retrouvent seuls plus longtemps quand leur conjoint est décédé.
Parmi ces individus célibataires, divorcés ou veufs, un grand nombre souhaite trouver ou retrouver un conjoint. Les sites de rencontres se sont engouffrés dans cette brèche. Les plus réputés et généralistes leur promettent de belles rencontres avec des offres de base gratuites et d’autres paramètres payants. 40 % des inscrits n’ont cependant pas vraiment l’espoir d’être comblés et admettent s’y être inscrits « juste pour voir ».
En outre, ceux qui s’y inscrivent n’ont pas tous l’âme de Roméo et Juliette. 20 % d’entre eux avouent chercher davantage une aventure d’un soir qu’une vraie rencontre. D’ailleurs, selon une enquête IFOP de 2018, 72 % des hommes inscrits et 47 % des femmes inscrites ont déjà eu une relation sexuelle d’un soir, et 64 % des hommes et 34 % des femmes ont avoué y avoir eu une relation sexuelle en sachant qu’ils ne reverraient pas cette personne. En outre, les sites de rencontres n’attirent pas seulement les célibataires… Mariés, pacsés, en couple, ils attirent tout le monde, notre société de consommation nous incitant à penser que l’on peut toujours trouver mieux ailleurs. Ainsi, 41 % des hommes inscrits sur un site, et ayant déjà rencontré quelqu’un sur ce même site, avouent continuer à chercher quelqu’un d’autre, et 22 % des femmes le font également. « Plus on rencontre des personnes, plus on prend conscience de ce qui leur manque. Tout ce processus s’inscrit dans une nouvelle phase de l’individualisme où le moi s’affirme précisément par ce qu’il rejette » résume Éva Illouz, sociologue, dans son livre La fin de l’amour.
Le nombre de possibilités en ligne conduisent certains individus à développer une forme d’addiction aux sites de rencontres (Online dating anxiety disorder (ODAD)). 30 % des répondants avouent ainsi avoir ressenti une forme d’addiction à ce genre de site, plus particulièrement les jeunes hommes âgés de 20 à 35 ans.
Depuis quelques années, le marché des sites de rencontres est arrivé à maturité et a même amorcé une croissance négative. En effet, même si le nombre de personnes inscrites augmente, ce sont les sites les plus populaires qui en profitent. Pour se faire une place, les nouveaux acteurs doivent faire preuve d’ingéniosité, car la concurrence est féroce.
UNE CONCURRENCE FÉROCE
Nombre d’acteurs qui veulent investir le secteur des sites de rencontres considèrent ce marché comme une jungle. Il faut en permanence s’adapter à l’évolution des besoins pour conserver ses parts de marché. Les sites dits « généralistes » comme Meetic, Attractive World, Adopte Un Mec, eDarling et Tinder génèrent à eux seuls 60 % du chiffre d’affaires total du marché des sites de rencontres.
Pour investir un marché où les acteurs sont de plus en plus nombreux, les nouveaux venus doivent redoubler d’ingéniosité. La plupart proposent des options spécialisées (géolocalisation, swiper) et des offres toujours plus attractives.
Loin du romantisme mis en avant par les sites classiques, certains visent par exemple des personnes en recherche uniquement d’aventures érotiques type libertinage, échangisme, fétichisme (exemples : AdultFriendFinder.com, CasuelDating.fr). D’autres, comme Gleeden ou Justinfideles, permettent aux personnes mariées de faire des rencontres d’un soir.
D’autres sont destinés à une catégorie de personnes précise : ceux qui aiment les animaux (Animaniacs), la moto, le bio (Bioalaune), ou qui partagent la même religion (Theotokos, Jdate).
D’autres encore développent des thèmes très originaux : sites de rencontre pour les personnes moches (TheUglyBugBall), fans de blondes, site réservé aux roux (Oulfa), site réunissant les haters (ceux qui détestent quelque chose), etc. L’idée étant avant tout de créer un marché de niche.
En outre, la généralisation des smartphones a favorisé l’essor des applications mobiles de rencontres. La plupart des sites ont également développé
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