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Pour la Confédération des PME, « Le
travail mérite de retrouver la place centrale qui est la sienne ».
Pour ce, la Confédération des PME profite de la campagne présidentielle pour
formuler près de 80 propositions à destination des candidats à la prochaine
mandature. L’objectif : placer la réussite des PME au cœur du prochain
quinquennat, en faisant évoluer le modèle social, en prônant un « État
amortisseur social », ou encore en recentrant la sphère publique sur ses
véritables attributions.
« L’entreprise
est un pilier majeur de la société française », affirme le président de la
Confédération des PME, François Asselin, en préambule du « Cap France PME 2022-2027 », un document qui rassemble les 76
propositions formulées par la Confédération dans le cadre de l’élection
présidentielle. L’entreprise, pour ne pas dire les TPE-PME, représentent en
réalité 99,9 % des entreprises françaises et emploient la moitié des actifs.
C’est précisément en tant que porte-parole de plus de 243 000 entreprises
adhérentes employant plus de 4 millions de salariés que la CPME prend part au
débat. Elle
organise ses propositions autour de cinq axes stratégiques : construire la
France de demain ; valoriser le travail ; accélérer & faciliter
les transitions des #PME ; diffuser la culture PME ; et faire évoluer
le modèle social français, et demande ainsi aux candidats de « Faire
les bons choix en tenant compte de la réalité des entreprises », choix
déterminants pour l’avenir de notre tissu économique.
Construire aujourd’hui la France de demain
Première proposition formulée avant la crise ukrainienne, mais révélée par
la crise sanitaire : préserver la souveraineté et l’indépendance économique de
la France. En effet, alors que la part de l’industrie dans le PIB chute
(passant de 14,5 % en 2000 à 9,8 % en 2010), la pénétration des produits
étrangers sur le marché intérieur français s’est accrue de 4 points depuis 2000
pour atteindre 24,7 %. De ce fait, la CPME entend dégager la France de cette
dépendance économique en en diminuant les degrés de dépendance des chaînes
d’approvisionnement. « Parallèlement, les
règles imposées à nos entreprises doivent s’appliquer également à ceux qui
veulent pénétrer le marché européen », considère-elle. Elle soumet ainsi
l’idée de redéfinir les critères européens de fixation des prix de l’énergie,
de mettre en place un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières
européennes, ou encore en créant un «
crédit impôt localisation en France », sur le modèle du crédit impôt
recherche.
La porte-parole des PME aspire également au développement de l’ancrage
économique territorial, notamment dans les territoires de la France océanique
en luttant contre « l’archipélisation
» de notre tissu économique, via notamment le lancement des programmes
d’investissement territorialisés, en soutenant les entreprises stratégiques
d’intérêt local, en mettant en œuvre un «
statut de l’entreprise ultramarine » ou encore en misant sur les
territoires et départements d’outre-mer pour développer une coopération
commerciale avec les pays situés dans leur voisinage.
La Confédération de François Asselin souhaite également réformer la sphère
publique « en profondeur ». « Avec la plus forte dépense publique au monde
(55,6 % du PIB) la fonction publique se paupérise et manque totalement de
vision stratégique », constate la CPME. Pour soigner la fonction publique
qui souffre selon elle d’hypertrophie, la Confédération n’entend pas créer plus
de postes (au contraire, une baisse de 120 000 postes/an, correspondant au
nombre de départs à la retraite lui « semble
raisonnable »), mais procéder à un redéploiement des effectifs. Considérant
que « La France ne peut continuer à vivre
à crédit sans mettre en danger son avenir », la CPME soumet l’adoption
d’une règle constitutionnelle exigeant que le budget annuel de l’État soit, à
tout le moins, présenté à l’équilibre financièrement. Autres propositions :
redéfinir le périmètre d’intervention de l’État, limiter l’immixtion de l’État
dans la gestion des entreprises ou encore limiter l’accès au statut de
fonctionnaire en réservant certains avantages aux seules fonctions régaliennes
(justice, police, défense). Les autres se verraient appliquer les règles
sociales applicables aux entreprises privées (jours de carence en cas de congés
maladie, renouvellement des contrats à durée déterminée, conditions de départ
en retraite…). La CPME envisage également de freiner la suradministration de la
France, et préconise l’instauration d’objectifs de performance précis
concernant la qualité des services publics ou les économies budgétaires à
réaliser. Dernier chantier et pas des moindres : le prochain président de la
République devra selon elle s’attaquer « enfin
au mille-feuille territorial, source de complexité et de gabegie ». Pour
rappel, la France compte 13 régions, 10 départements, 14 communautés urbaines,
22 métropoles et autant de communautés d’agglomération, 996 communautés de
communes et 2 054 cantons… Aussi, pour la CPME, « Le partage des tâches, mais également celui des moyens financiers
doivent être repensés. Sans quoi, la fiscalité locale continuera à exploser au
détriment de l’emploi et du développement des entreprises. »
Redonner de la valeur au travail
La formation apparaît comme primordiale pour la porte-parole des petites et
moyennes entreprises. Considérant que « notre
pays souffre davantage d’un échec d’orientation que d’un échec scolaire » –
les filières professionnelles étant aujourd’hui encore « perçues comme des voies de garage » –, la CPME propose d’établir « de véritables passerelles entre
l’enseignement général et l’enseignement professionnel » en ouvrant une
option de maintien des enseignements généraux dans toutes les formations
professionnelles, et ce dès le CAP.
Considérant qu’ « abaisser le niveau
des diplômes pour augmenter le nombre de diplômés est un non-sens à l’origine
d’un immense malentendu dont notre jeunesse est victime pour redonner une place
prépondérante à l’acquisition des savoirs fondamentaux », la Confédération
entend également redonner aux diplômes leur véritable valeur.
La confédération propose également aux candidats à l’élection
présidentielle de redonner le goût au travail en attribuant aux salariés du
secteur privé la priorité sur les logements financés par les contributions des
entreprises, en favorisant la mobilité professionnelle par l’instauration d’un
crédit relais à taux zéro en cas de revente de la résidence principale pour
cause de mobilité professionnelle ou encore en réduisant le recours aux
contrats courts par le dispositif de CDD multi-remplacement.
En ce qui concerne l’allocation chômage, la porte-parole des PME formule là
aussi plusieurs propositions : la suppression automatique des allocations
chômage en cas de refus d’une offre raisonnable d’emploi, tout en offrant à
chacun un recours possible pour expliquer sa situation, la suppression à
l’accès à l’indemnisation par pôle emploi, en cas de refus de CDI en fin de CDD
ou encore la modulation de la durée des allocations chômage en fonction de la
situation du marché de l’emploi et ce suivant des critères objectifs
prédéterminés.
Enfin, la CPME souhaite réintroduire la question du coût du travail dans
les débats. Pour renforcer la compétitivité des entreprises et mieux partager
la valeur tout en diminuant le coût du travail, elle aspire à redessiner la
courbe des réductions de charges sociales pour éviter tout à la fois les
trappes à bas salaires et le coût exorbitant de la main-d’œuvre qualifiée, à
fixer une trajectoire de baisse de coût du travail pour s’aligner sur la
moyenne européenne, ou encore à réactiver la suppression des cotisations
patronales et la défiscalisation des heures supplémentaires.
Accélérer et faciliter les transitions
écologiques des PME
Avec
l’adoption de la loi Pacte et de la loi Climat et Résilience, c’est une
accélération de la transition du modèle de développement français vers une
société neutre en carbone qui est engagée, rappelle la CPME. Estimant que la
décarbonation de l’économie comme une « formidable
opportunité », il faut pour autant veiller selon elle « à préserver la compétitivité de nos PME face
à nos concurrents étrangers ».
Pour la CPME,
le nouveau locataire de l’Élysée devra « passer d’un discours
pénalisant à un discours incitatif ». D’abord en valorisant les
progrès réalisés par les entreprises. À ce titre, elle rappelle que L’Europe
est le seul continent qui a commencé à réduire ses émissions de CO2 (-31 %
entre 1990 et 2020). Les entreprises françaises figurent également sur la
troisième marche du podium mondial en termes de RSE. Elle estime en outre qu’il
faudrait favoriser l’investissement dans l’économie circulaire et rendre
l’utilisation des taxes environnementales totalement transparente.
Autre
objectif : faire de l’innovation et de la transition numérique des leviers
de compétitivité, en garantissant un développement équitable entre petits et
grands acteurs du numérique, en accélérant la mise en place du brevet unitaire
européen ou encore en baissant les impôts de production pour rétablir la
capacité d’investissement des entreprises.
Revaloriser la culture PME
« Diffuser la culture PME », tel est le
quatrième axe établi par la CPME. Pour cela, deux priorités : l’encouragement
de la prise de risque et simplifier la vie des entrepreneurs.
« La CPME propose de redonner ses lettres
de noblesse à cet esprit d’entreprise, de conquête et d’excellence », en redéfinissant la notion de
responsabilité pour les décideurs publics ou privés. En effet, la Confédération
remarque que la distinction entre la responsabilité et la culpabilité s’est
effacée : « Le décideur en arrive souvent
à statuer en fonction de sa responsabilité personnelle éventuelle et des
poursuites dont il pourrait faire l’objet. Cette dérive est mortifère pour
l’ensemble de la société qui devient frileuse. »
La CPME
défend également la suppression des droits de succession en cas de transmission
familiale d’une entreprise patrimoniale et à la mise en place d’un véritable
actionnariat salarié qui consisterait à associer le salarié non seulement aux
résultats de l’entreprise, mais également à la prise de risque, notamment via
la mise en place d’un dispositif fiscal incitatif.
Dans le
prolongement, et rappelant par exemple que ne pas avoir fait sa déclaration sur
le registre des bénéficiaires effectifs est passible de six mois de prison et
que l’absence de document unique de prévention (DUP) relève du Code pénal, la
Confédération de François Asselin aspire à dépénaliser le droit de
l’entreprise.
Pour
simplifier la vie des entrepreneurs, la CPME « propose de s’en tenir à des
règles simples : identifier, traiter les points de blocages administratifs et
prendre des mesures radicales pour stopper l’inflation normative », en rendant
notamment obligatoire et public, tant au niveau national qu’européen, un « test
PME » avant toute publication d’un nouveau texte concernant les entreprises.
Elle propose également de réaliser une étude d’impact sur l’utilité et
l’efficacité des 500 normes pesant le plus sur les entreprises, rappelant à ce
titre que selon la Commission européenne, réduire de 25 % les charges
administratives permettraient une augmentation du PIB européen de 0,8 % à court
terme.
Agir sur
modèle social français
Considérant
que les partenaires sociaux sont les mieux placés pour trouver des solutions
collectives, la Confédération aspire à la construction d’un nouveau contrat
social en refondant le paritarisme. Comment ? en imposant, notamment, la règle
d’or et l’interdiction d’emprunter dans les organismes paritaires.
Opposée au
projet d’étatisation de la complémentaire santé dite « Grande Sécu », la CPME
n’est toutefois pas contre une évolution du dispositif. Elle aspire également à
réformer les retraites, et propose à ce titre d’instaurer un régime universel
de base par points, en mettant en place un régime complémentaire propre à
chacune des trois catégories d’actifs, en incluant une part de capitalisation
dans le modèle de retraite par répartition, et en relevant progressivement
l’âge légal de départ en retraite rapidement ; à 63 ans d’abord, puis jusqu’à
65 ans.
La CPME a
accueilli Anne Hidalgo, Marine Le Pen, Valérie Pécresse, et Éric Zemmour pour
évoquer leur programme économique, social et environnemental, et dialoguer avec
des chefs d’entreprises, avant un appel aux urnes le 10 avril prochain.
Constance
Périn
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