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Le télétravail est-il obligatoire ? Cette question revient
périodiquement et, pour ainsi dire, à chaque vague de contamination, au regard
des communications gouvernementales diverses et variées.
Régulièrement, et notamment depuis
janvier 2021, les mots "obligatoire" et "télétravail"
se sont trouvés accolés alors que le télétravail a pu être vivement recommandé
sans qu’il n’ait jamais été légalement obligatoire.
Pour mémoire, il n’existe à ce jour
aucune norme juridique rendant le télétravail obligatoire.
En effet, même l’article L. 1222-11 du Code du travail qui a permis aux
employeurs d’imposer le télétravail durant les confinements successifs n’impose
pas à un employeur, en cas de pandémie, une obligation de mettre en place le
télétravail.
Certes, le ministère du Travail a mis
à jour le protocole sanitaire successivement les 3 et 25 janvier 2022 en
rappelant que "Dans les circonstances actuelles de circulation élevée
du virus et de l’apparition du variant Omicron, les employeurs fixent à compter
du 3 janvier et pour une durée de trois semaines, un nombre minimal de trois
jours de télétravail par semaine, pour les postes qui le permettent. Lorsque
l’organisation du travail et la situation des salariés le permettent, ce nombre
peut être porté à quatre jours par semaine ".
Pour autant, le télétravail n’est
toujours pas devenu obligatoire.
Pour mémoire, le Conseil d’État a rappelé en décembre 2020 le
caractère non obligatoire de ce protocole.
Les partenaires sociaux nationaux ont
conclu le 26 novembre 2020 un Accord national interprofessionnel (ANI) "pour une mise en œuvre réussie du télétravail "qui, pour l’essentiel de ses dispositions, renvoie aux partenaires
sociaux dans l’entreprise le soin de
définir les conditions d’exercice
du télétravail.
En réalité, cet
accord ne fait état d’aucune
disposition impérative, y compris concernant la
prise en charge des frais, sujet pourtant très
discuté lors des négociations.
La loi du 22 janvier 2022 "renforçant
les outils de gestion de la crise sanitaire et modifiant le Code de la santé
publique" mettant en place le pass vaccinal n’a pas plus pu créer
une obligation de télétravail.
En effet, cette loi régit la procédure
à appliquer lorsque la situation dangereuse résulte d’un risque d’exposition au
Covid-19 du fait du non-respect par l’employeur des principes généraux de
prévention.
Quoi qu’il en soit, si les employeurs
entendent respecter le protocole sanitaire, c’est bien évidemment pour se
conformer à leurs obligations de sécurité de résultat : si le protocole
sanitaire ne permet pas, à lui seul, de rendre le télétravail obligatoire, le
fait de le respecter, notamment dans ses grandes orientations (dialogue social,
respect des distanciations) permettra à l’employeur de pouvoir se défendre en
cas d’une demande de reconnaissance du Covid-19 en tant que maladie
professionnelle voire en cas de contentieux concernant la commission d’une faute
inexcusable de l’employeur.
En effet, si le protocole sanitaire ne
constitue pas une norme rendant le télétravail obligatoire, il définit des
règles dont la violation serait alors un indice conduisant à une potentielle
violation d’une obligation de sécurité de résultat.
Enfin, depuis le 2 février 2022, le
recours au télétravail est devenu " recommandé ":
les employeurs fixant, dans le cadre du dialogue social de proximité, les
modalités de recours au télétravail.
Zoom sur les sanctions
Contrairement aux idées reçues,
l’absence de mise en œuvre du télétravail ne peut être sanctionnée en tant que
telle par une contravention pénale (faute d’obligation législative ou
réglementaire).
Un inspecteur du travail ne peut donc
pas dresser de procès-verbaux.
En revanche, l’Inspection du travail
peut mettre l’employeur en demeure de prendre « toutes les mesures
utiles » pour remédier à la situation dans un certain délai, mais
ne peut contenir de prescription lui enjoignant de recourir à une méthode
particulière ou de privilégier telle mesure en particulier.
Il appartient à l’employeur de décider
les moyens à mettre en œuvre, quels qu’ils soient, pour faire cesser la
situation.
L’employeur doit mettre fin à la
situation dangereuse mais conserve donc une certaine latitude quant à
l’appréciation des moyens.
Que faire si un cas Covid se
manifeste dans l’entreprise ?
Le protocole sanitaire préconise :
• d’isoler la personne symptomatique
dans une pièce dédiée tout en respectant les gestes barrières et les règles
sanitaires usuelles (distance, aération, masque, etc ;
• de mobiliser le professionnel de
santé dédié de l’établissement, un sauveteur/secouriste du travail formé au
risque Covid ou le référent Covid, selon l’organisation locale ;
• en l’absence de signe de gravité,
contacter le médecin du travail ou demander à la personne de contacter son
médecin traitant pour avis médical. En cas de confirmation d’absence de signes
de gravité, il faut organiser le retour à domicile en évitant les transports en
commun ;
• si un test antigénique peut être
réalisé dans l’entreprise, il le sera immédiatement par un professionnel
autorisé. En l’absence d’une possibilité de réaliser le test sur site, la
personne doit être invitée à réaliser un test diagnostique le plus rapidement
possible, idéalement le jour même.
En cas de signe de gravité (ex.
détresse respiratoire), le protocole recommande d’appeler le SAMU.
Après la prise en charge de la
personne, l’employeur doit prendre contact avec le service de santé au travail
et suivre ses consignes, y compris pour le nettoyage et la désinfection du
poste de travail et le suivi des salariés ayant été en contact avec le cas.
Si le cas Covid est confirmé,
l’identification et la prise en charge des contacts seront organisées par les
acteurs du contact-tracing.
Déborah Fallik Maymard,
Avocate associée,
THÉMATIQUES ASSOCIÉES
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