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Le ministre de l’Économie
était invité à s’exprimer le 29 septembre dernier devant les experts-comptables
présents à Montpellier. Très applaudi, il a notamment
dévoilé un calendrier de généralisation pour la facturation électronique.
La salle était pleine. 7 000
experts-comptables étaient réunis vendredi 29 septembre pour assister au
discours du ministre de l’Économie et des Finances, dont certaines annonces
étaient très attendues.
Bruno Le Maire a débuté son
discours par de longs remerciements : « Merci pour le travail
remarquable que vous faites au service de notre économie. J’entre dans ma
septième année comme ministre de l’Économie et des Finances, et j’ai toujours
pu compter sur vous durant les crises qui ne nous ont pas épargnés, celles du
covid et de l’inflation dont nous commençons à sortir. » Sous des
applaudissements nourris, le ministre a poursuivi en affirmant que « sans
les experts-comptables, l’économie française n’aurait pas aussi bien résisté
pendant la crise, sans les experts-comptables, l’économie française ne serait
pas en croissance aujourd’hui ».
Le locataire de Bercy a également
tenu à se féliciter de son bilan en faveur d’une meilleure mise en avant la profession.
En 2019, la loi Pacte a notamment créé un statut d’expert-comptable en
entreprise et le mandat implicite. « Je souhaite qu’aujourd’hui, en
2023, nous ouvrions une deuxième étape de reconnaissance du rôle majeur des
experts-comptables dans l’économie française », a poursuivi Bruno Le Maire,
donnant le ton du reste de son discours.
« Vous n’avez rien
demandé, donc vous obtiendrez tout »
Assurant que l’inflation reviendrait
à un niveau normal dans le courant de l’année 2024, Bruno Le Maire a annoncé
son souhait de franchir une « deuxième étape dans la revalorisation des
métiers d’experts-comptables et la mise en avant de leur activité ». Deux
objectifs visés : simplifier et moderniser une profession « qui ne
demande pas d’argent public ».
« Vous n’avez rien
demandé, donc vous obtiendrez tout », a assuré le ministre, déclenchant de
vives applaudissements dans les gradins, avant de préciser ses propos : « 'Tout',
ça veut dire donc… pas d’argent public », a-t-il plaisanté.
En ce qui concerne la
simplification, Bruno Le Maire a annoncé la tenue, dans les prochaines semaines,
d’assises de la simplification, et a invité à ce titre les experts-comptables a
lui faire des propositions : « Je veux moins de normes, moins de
règles, moins d'obligations pour les entreprises françaises. » Dans
une tirade, le ministre de l’Économie a regretté les règles qui « ont un coût. Les règles, ça représente
du temps et très souvent du temps perdu. Les normes, certaines sont nécessaires,
mais d'autres sont totalement inutiles. Certaines sont précieuses, d'autres
n'ont aucun sens. Certaines sont simples et compréhensibles, d'autres sont
totalement inapplicables et donnent la migraine à tous les chefs d'entreprise
de France et de Navarre. »
Des excuses pour les déboires
du Guichet unique
Bruno Le Maire a également
décidé de revenir sur les difficultés du Guichet unique des formalités des
entreprises, « un succès d’estime », a-t-il jugé. « L'idée
était excellente, l'exécution a laissé à désirer, c'est le moins que l’on
puisse dire. » Le ministre a tenu a faire son mea culpa : « Je
voudrais ici, pour la première fois, présenter mes excuses à toutes les
entreprises, toutes les TPE, toutes les PME pour lesquelles la mise en place du
guichet unique a été, je le sais, un calvaire. » Il s’est néanmoins montré
positif pour la suite, alors qu’une procédure de secours permet de déposer ses
formalités sur le site Infogreffe jusqu’au 31 décembre 2023. « Maintenant
que nous sommes dans la bonne voie pour remettre cette bonne réforme sur les
bons rails, nous devons continuer. Un million de formalités ont été enregistrées
depuis le début de l'année, 95 % des créations et des cessations et l'intégralité
des dépôts des comptes sont désormais sur le Guichet. Nous avons remis cette
réforme sur de bons rails et c'est grâce à vous. »
Il a cependant appelé à perfectionner
le système et demandé aux experts-comptables d’utiliser davantage le Guichet
unique : « Accompagnez vos entreprises en ce sens. Je suis sûr que
dans quelques mois, peut-être quelques années, les erreurs de départ ne seront
plus qu'un mauvais souvenir et chacun pourra se dire que nous avons un
instrument efficace et moderne à notre disposition. »
Un calendrier fixé pour la généralisation
de la facturation électronique
Le ministre était également
attendu au sujet de la facturation électronique. Sa généralisation était prévue
pour le 1er juillet 2024, mais un report de cette
date avait finalement été annoncé au milieu de l’été. Bruno Le
Maire a vanté l’enjeu majeur de la facturation électronique en termes de
simplification, de réduction des coûts pour les entreprises, et de
modernisation de la profession. « C’est accessoirement un enjeu majeur
pour le premier percepteur de France qu’est le ministre des Finances, a-t-il
également affirmé. Cela va me permettre de lutter avec beaucoup plus
d'efficacité contre toutes les fraudes, en particulier la fraude à la TVA, et cela
va mettre quelques milliards d’euros dans les caisses de l’État qui en a bien
besoin. »
Le ministre a donc annoncé un nouveau calendrier, après discussion avec la présidente du Conseil national de l’ordre des experts-comptables (CNOEC), Cécile de Saint Michel. Il s’agit d’un calendrier en 3 temps : d’abord une période de tests de la plateforme durant l'année 2024 ; ensuite la mise à l'essai de cette plateforme sur une base volontaire au cours de l'année 2025 ; et enfin, la mise en place définitive de la facturation électronique d’ici 2026.
Le projet « Data Lake »
approuvé
Bruno Le Maire a également montré son approbation à l'égard du projet « Data Lake » porté par le CNOEC.
Ce projet doit permettre de conserver un grand nombre de données numériques brutes,
dans l’objectif d’une utilisation future. « Vous êtes une mine d’or.
Une mine d’or de données, d’informations économiques, d'informations
comptables, d’informations financières. Vous allez mettre à disposition des
données d’indicateurs de suivi de gestion de PME et TPE qui sont extrêmement
précieuses », s’est réjoui le ministre, qui a tout de même apporté une
nuance : « Sécurisez bien ces données, car elles sont une mine
d’or et les mines d’or, en règle générale, amènent des prédateurs, sous forme
de cyberattaques, et d'autres risques qui menacent aujourd'hui notre économie. »
Sur la responsabilité sociale
des entreprises, Bruno Le Maire a rappelé que les experts-comptables auraient
la responsabilité de faire respecter le reporting de durabilité imposé par la
directive CSRD, obligation qui entrera en vigueur le 1er janvier
2024 pour toutes les entreprises de plus de 250 salariés qui devront donc
rassembler des informations sur l’incidences de leurs activités pour le climat
ou la biodiversité.
Dernier sujet évoqué par le
ministre de l’Économie : celui des tiers de confiance. Bruno Le Maire a indiqué
à ce sujet qu’il souhaitait que les experts-comptables puissent accéder plus facilement
aux données de leurs clients. Il a à ce titre affirmé que les professionnels du
chiffre devaient disposer d’un mandat implicite, avec l’objectif de leur « faciliter la
vie, mais aussi celle de [leurs] mandants, et de dizaines de milliers de TPE et
de PME ». « Je ne vous cache pas les difficultés que cela va
soulever. Ça va demander beaucoup de concertation, beaucoup de dialogue »,
a-t-il néanmoins tempéré.
En clôture de son discours,
Bruno Le Maire a ironisé sur les doutes de la profession à propos d’un
potentiel manque d’activités dans les années à venir : « Quand je
vois tout ce que je viens de citer, notamment sur la durabilité, sur l'impact
climatique des entreprises, je pense que vous avez du pain sur la planche et
que c'est une excellente nouvelle pour la profession des experts-comptables ».
Alexis
Duvauchelle
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