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Destiné aux professionnels en reconversion, ce concours qui remplace l’ancien concours complémentaire prévoit une interrogation orale sur les connaissances juridiques de ces professionnels. Ces derniers suivront également une formation probatoire plus longue que celle jusque-là proposée, jugée « insuffisante » pour la formation des futurs magistrats.
Clarifier et diversifier les
profils des candidats à la magistrature. Voilà l’objectif qui a conduit le
ministère de la Justice à créer le « concours professionnel », nouvelle
voie d’accès à la magistrature à destination des professionnels en reconversion
justifiant d’une activité professionnelle « particulièrement
qualifiante » et qui, « compte tenu de leurs métiers,
n’auraient pas véritablement le temps de s’engager dans une préparation longue ».
C’est ce que nous explique Samuel Lainé, directeur adjoint de l’Ecole nationale
de la magistrature (ENM) en charge du recrutement, de la formation initiale et
de la recherche.
Consacré dans un décret du 7
juillet 2024 tirant les conséquences de la réforme des voies d'accès à la
magistrature issue de loi organique n°2023-1058 du 20 novembre 2023
relative à l’ouverture, à la modernisation et à la responsabilité du corps
judiciaire, ce nouveau concours est venu remplacer le concours complémentaire,
qui disparaît, à l’instar d’une poignée d’autres formations.
Avant la loi organique, pas
moins de 11 voies d’accès différentes à la magistrature étaient dénombrées, contre
4 aujourd’hui. « On voit donc bien l’ouverture d’un côté, et la
clarification des différentes voies en réduisant leur nombre de l’autre »,
souligne Samuel Lainé.
Les épreuves d’admissibilité
et d’admission repensées
Nouveau venu donc dans le
paysage des différentes voies d’accès à la magistrature, ce concours
professionnel, dont les inscriptions ont été ouvertes le 21 octobre dernier, se
distingue dans un premier temps du concours complémentaire par le nombre
d’épreuves, revu à la baisse.
En effet, les candidats
n’auront plus qu’une seule épreuve d’admissibilité contre trois dans le cadre
du concours complémentaire : une note de synthèse de 5 heures rédigée à
partir d’un dossier de nature juridique. L’épreuve d’admission consistera pour
sa part en une épreuve orale en trois temps, à savoir un exposé sur un cas
pratique en droit civil ou pénal, suivi d’une interrogation du jury pour
apprécier les connaissances juridiques du candidat, puis un temps d’échange avec
ce dernier pour discuter de son parcours et de l’adéquation entre l’exercice
professionnel jusqu’alors vécu et les métiers de la magistrature, détaille
Samuel Lainé.
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Objectif : « chercher
les capacités de synthèse des candidats, de vérifier leurs connaissances juridiques
et de s’assurer que leur expérience professionnelle passée est en adéquation
avec l’exercice des métiers de la magistrature », abonde le directeur
adjoint. Les professionnels en reconversion devront d’ailleurs motiver leur
candidature en expliquant dans une lettre de motivation en quoi leur expérience
passée peut s’avérer un atout pour embrasser une carrière de magistrat, pointe
Samuel Lainé.
Si la date d’épreuve
d’admissibilité est fixée au 2 avril prochain, la date pour l’épreuve orale
n’est pas encore connue mais devrait être fixée par arrêté du ministère courant
mars 2025 (comme cela était le cas pour le concours complémentaire), et indiquera
dans le même temps le nombre de places offertes. Toutefois, s’agissant du
concours professionnel, « il est possible que ces modalités soient
annoncées plus tôt, mais sans certitude, l’école n’ayant pas la maîtrise
là-dessus ».
Un stage d’un an en
juridiction
Autre changement notable dans
les modalités du concours professionnel, l’allongement de la période probatoire.
« Nous savons d’expérience que la formation probatoire réservée
jusqu’alors soit aux lauréats du concours complémentaire, soit à celles et ceux
qui intégraient l’école par voie d’intégration directe et qui avaient une
formation probatoire de 5 à 7 mois, était notoirement insuffisante » rapporte
Samuel Lainé. C’est pourquoi la période de stage dans les juridictions est
passée à 12 mois.
Le directeur adjoint de l’ENM
explique en effet que contrairement aux candidats dans les formations longues
de 31 mois réservées aux 1er, 2e et 3e
concours, il a été observé plus d’inaptitudes des candidats du concours
complémentaire à l’issue du stage, et ce malgré la confirmation du jury
d’aptitude à l’exercice des fonctions de la magistrature des candidats.
En outre, les chefs de
juridiction ont observé une plus grande difficulté d’adaptation aux réalités
des métiers de la magistrature chez les candidats issus du concours
complémentaire. « Ils sont moins à l’aise en général et moins bien
préparés que celles et ceux qui suivent la formation de 31 mois, relate le
directeur adjoint. L’idée avec cette augmentation du temps de formation est
donc de permettre de renforcer la qualité de celle-ci et l’adaptabilité des
futurs lauréats du concours professionnel lorsqu’ils arriveront en juridiction
pour l’exercice de leur métier. »
Le jury d’aptitude peut émettre
des recommandations en terme de réserves fonctionnelles
Globalement, « il y a
une volonté de faire en sorte que ce concours professionnel, dans la formation
des lauréats du concours et dans la composition de son jury, se rapproche le
plus possible de ce qu’il se fait pour la formation longue » résume
Samuel Lainé. En effet, le jury de ce nouveau concours a par exemple été étendu
à un psychologue et à une personne qualifiée en matière de ressources humaines.
Par ailleurs, ce nouveau
concours ouvre la possibilité au jury d’aptitude d’émettre des recommandations
en terme de réserves fonctionnelles. Autrement dit, un candidat qui semble
finalement plus adapté et détenir les bonnes compétences pour occuper des
fonctions du parquet plutôt que des fonctions du siège, verra la décision
initiale modifiée par ce jury. « Une première pour une formation
courte ! » souligne le directeur.
Ce jury aura également la
possibilité de décider du redoublement de stagiaires si leur niveau de maîtrise
des compétences fondamentales du magistrat est jugé insuffisant, chose qui
n’était pas possible avec le concours complémentaire.
Pour l’heure, le nombre des
premières candidatures n’est pas encore connu. A titre d’indication, 1 373
dossiers avaient été déposés en 2022 dans le cadre du concours complémentaire,
737 en 2023 et 975 dossiers en 2024, dont 601 candidats ont été autorisés à
concourir. Les inscriptions à la nouvelle formation courent jusqu’au 22
novembre.
Allison
Vaslin
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