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Le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République a critiqué, dans une brève allocution ce lundi matin, les postures des partis politiques, ainsi que la guerre d’égos à l’approche de l’élection présidentielle.
Sébastien Lecornu a-t-il battu le record du monde du gouvernement le plus éphémère ? Le Premier ministre a remis sa démission ce lundi matin, à peine 14 heures après la formation de son gouvernement. Une démission éclair, alors que le socle commun s’était fragilisé dès hier soir, après que Bruno Retailleau, ministre – de nouveau démissionnaire – de l’Intérieur et président du parti Les Républicains, a regretté un gouvernement qui « ne reflète pas la rupture promise ».
Dans une allocution prononcée une heure après l’annonce de sa démission, Sébastien Lecornu a reconnu qu’« être Premier ministre [était] une tâche difficile, surtout en ce moment ». Le désormais Premier ministre démissionnaire a constaté « des conditions qui ne sont pas remplies », pour que le gouvernement présente sa feuille de route demain au Parlement, à l’occasion du discours de politique générale qui devait avoir lieu.
Sébastien Lecornu a mis en garde sur des « urgences qui ne peuvent pas attendre l’élection présidentielle de 2027 », en citant la sécurité du quotidien, le pouvoir d’achat, le travail, la Nouvelle-Calédonie, les armées, « et tant d’autres sujets ».
Ces derniers jours, Sébastien Lecornu avait reçu les syndicats et les chefs de file des partis politiques à Matignon pour déterminer la ligne politique à suivre, et potentiellement élargir le socle commun, espérant y intégrer le Parti socialiste. Des rencontres qui n’ont pas payé, et le gouvernement mort-né étant composé en majorité de ministres du parti présidentiel et de ses alliés, ainsi que de quatre ministres Les Républicains.
« Il suffisait de peu de choses pour que cela fonctionne », a pourtant estimé l’éphémère Premier ministre. Selon lui, « dans le secret du bureau [de Matignon], des lignes rouges devenaient orange, voire vertes ». L’ancien ministre des Armées a assuré avoir constaté des avancées sur les sujets de la réforme de l’assurance chômage et du financement de la Sécurité sociale.
Vendredi, Sébastien Lecornu avait annoncé ne pas utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Ce matin, il a déploré à ce sujet « des partis politiques qui ont fait mine de ne pas voir qu’il n’y avait plus de 49.3, et qu’il n’y avait plus de prétexte à censurer sans discuter ». Si cette décision a été saluée par une partie des oppositions, elle n’a « pas permis ce choc permettant de faire différemment », a regretté le chef du gouvernement démissionnaire.
Autre grief porté par Sébastien Lecornu à la classe politique : l’absence de compromis au sein de la chambre basse du Parlement : « Les partis politiques continuent d’adopter la stature d’avoir gagné la majorité à l’Assemblée nationale, voulant adopter tout leur programme. » Le futur ex-Premier ministre a également reconnu que la composition du gouvernement au sein du socle commun « n’a pas été fluide et a aiguisé quelques appétits, à l’approche de l’élection présidentielle ». Critique à peine voilée de Bruno Retailleau, qui a participé à la chute rapide du gouvernement. Le locataire de Matignon a expliqué que « nous vivons la période la plus parlementaire de la Ve République », tout en demandant de « ne pas reproduire les erreurs de la IVe ».
Sébastien Lecornu a terminé sa brève allocution en implorant les forces politiques de « préférer son pays à son parti, et savoir écouter ses militants mais toujours penser aux françaises et aux français ».
L’avenir est désormais incertain : Emmanuel Macron a pour le moment assuré qu’il ne démissionnerait pas, et les oppositions semblent se préparer à de nouvelles législatives anticipées. Mais la valse des prétendants au poste de Premier ministre pourrait aussi reprendre très vite.
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