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Elle avait aspergé de peinture le stand de la République populaire de Chine, le 11 septembre 2022, lors de la Fête de l’Humanité. Dilnur Reyhan a été condamnée, ce lundi 13 octobre, à une amende de 150 euros pour dégradations de biens.

Une amende, des indemnités symboliques, et une indignation de plusieurs défenseurs des droits de l’homme. « C’est une décision insensée, absurde », a notamment réagi William Bourdon, avocat de la défense, cité par Le Parisien. Il dénonce une « lecture partiale et partielle du dossier », dans une affaire qui aurait, selon lui, pris une tournure politique au bénéfice de Pékin. « Là-bas, c’est une des opposantes les plus connues au régime », rappelle-t-il dans le quotidien.
Les Ouïghours, minorité musulmane de Chine, font l’objet d’une intense répression par le régime de Pékin. Dilnur Reyhan, 41 ans, présidente de l’Institut ouïghour d’Europe, avait aspergé de peinture rouge le stand de la Chine à la Fête de l’Humanité, qui se tient sur la base aérienne 217, entre le Plessis-Pâté et Brétigny. La militante avait atteint un kakémono (ndlr : désigne au Japon une peinture encadrée en rouleau) ainsi que trois membres de la délégation chinoise présents ce jour-là.
L’ambassade de Chine en France avait alors porté plainte, plainte qui avait dans un premier temps été classée sans suite par le parquet d’Evry. C’était en 2023. En 2024, la militante est condamnée à 150 euros d’amende, après un recours de l’ambassade de Chine auprès du parquet général. Une décision que l’avocat de Dilnur Reyhan analysait à l’époque comme « politique », et qu’il attribuait à la visite officielle, la même année, de Xi Jinping en France.
La militante avait fait appel de cette décision. Peine perdue : ce mois d’octobre, elle a été condamnée à nouveau à une amende de 150 euros, ainsi qu’à verser un euro symbolique à l’ambassade de Chine et à l’un des diplomates ayant reçu de la peinture sur ses chaussures. Elle devra également verser 600 euros de frais d’avocats aux plaignants.
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« Mes clients sont très satisfaits, a déclaré au Parisien Philippe Fontana, l’avocat de l’État chinois. La justice a décidé la réparation de leur préjudice, comme n’importe quelle autre victime (…). Quand on cause un préjudice et que c’est pénalement répréhensible, la justice tranche. C’est une question de principe, celui de l’égalité de traitement devant la loi. »
Dans un tweet publié dans la foulée de l’audience, Bénédicte Jeannerod, directrice d’Human Rights Watch, condamne la décision du tribunal d’Evry : « Ce n’est pas Dilnur, chercheuse et défenseure des droits renommée, qui devrait être condamnée mais le gouvernement chinois pour ses crimes contre l’humanité contre les Ouïghours. »
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