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Le garde des Sceaux a annoncé ce lundi sa volonté d’autoriser l’usage encadré de la généalogie génétique pour aider les magistrats à résoudre les affaires criminelles les plus graves restées sans réponse. Une avancée scientifique et juridique réclamée par les familles de victimes.
Résoudre les crimes les plus graves grâce à l’ADN et aux arbres généalogiques. En amont d’un déplacement au pôle cold case de Nanterre ce lundi 20 octobre, Gérald Darmanin a annoncé son projet de permettre aux magistrats spécialisés d’utiliser la généalogie génétique pour résoudre les crimes les plus graves « lorsque toutes les autres investigations ont échoué ». Une mesure que le garde des Sceaux souhaite inscrire dans le futur projet de loi SURE, présenté prochainement au Parlement.
Concrètement, cette technique, encore interdite en France, consiste à comparer un profil ADN inconnu avec des bases de données généalogiques – parfois étrangères – pour repérer d’éventuels liens de parenté. Ces correspondances partielles peuvent ensuite guider les enquêteurs vers une lignée familiale et, à terme, vers un suspect potentiel. Déjà utilisée aux États-Unis, cette approche suscite en France un intérêt croissant.
En juin dernier, le cabinet Seban, spécialisé dans les cold cases, avait obtenu le déploiement exceptionnel de cette technique pour la famille de Sabine Dumont, petite fille violée et tuée en 1987. « Il faut changer la loi pour que cette technique puisse être utilisée en France, nous nous y employons », avait plaidé le cabinet.
« Plus de 30 affaires au pôle cold cases pourraient être résolues si on autorisait dans la loi le recours à la généalogie génétique », a assuré Gérald Darmanin ce lundi sur France Inter. « Il y a plus de 50 000 traces ADN dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) qui ne trouvent pas preneur aujourd’hui », a-t-il encore détaillé. L’enjeu, précise un communiqué, est de « redonner espoir aux victimes et à leurs familles », en attente de vérité.
Le ministère de la Justice assure que cette pratique restera strictement encadrée réservée aux crimes les plus graves (meurtres, viols, enlèvements), et décidée sous le contrôle du juge.
Pour rappel, le pôle des cold cases basé à Nanterre a pour mission d’examiner les affaires criminelles et disparitions non élucidées plus de 18 mois après les faits. Ses magistrats et enquêteurs spécialisés peuvent relier des dossiers éparpillés sur le territoire et collaborer avec les autorités étrangères.
Entre la fin de l’année 2024 et le début de l’année 2025, de nombreuses avancées ont été réalisées grâce au travail de ce pôle : un homme a été mis en examen dans les affaires des meurtres de Leïla Afif et de Nathalie Boyer en novembre 2024, un autre a été mis en examen en janvier 2025 dans le cadre de l’affaire de la mort de Ginette Naime, et une mise en examen a été prononcée fin février 2025 dans le cadre de l’affaire Belmonte. Dernière percée, et non des moindres, Dominique Pelicot a été entendu, fin janvier 2025, au sujet de deux crimes non élucidés dont le pôle est saisi.
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