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Le colloque organisé le jeudi 4 septembre à l’Hôtel de Région Île-de-France situé à Saint-Ouen, sur le thème « Accompagner l’entrepreneuriat en Île-de-France », a été l’occasion pour l’organisme de mettre en avant ses dispositifs d’accompagnement et d’affirmer sa volonté de transformer son image auprès des patrons. Retour sur ce plaidoyer en faveur d’une pax romana avec les entreprises.
« Je ne sais pas si on va devenir l’ami des entreprises, mais je suis sûr que nous ne serons jamais leur ennemi. » Jeudi 4 septembre à l’Hôtel de Région Île-de-France à Saint-Ouen, lors du colloque de rentrée économique de l’Urssaf sur le thème : « Accompagner l’entrepreneuriat en Île-de-France », Didier Malric, directeur général de l’organisme régional, avait à cœur de se présenter comme un allié des entreprises, loin de l’image d’une Urssaf perçue comme la bête noire des patrons, devant partenaires et responsables politiques invités pour l’occasion.
Lors de ce colloque inédit – « la première fois qu’un colloque de cette nature est organisé », a rappelé Didier Malric -, l’ouverture de séance avait été assurée par Alexandra Dublanche, vice-présidente de la Région Île-de-France, qui a insisté sur l’importance d’« aider les entrepreneurs », rappelant que la région était moteur de l’« accompagnement à l’entrepreneuriat » : « Nous sommes la première région pourvoyeuse d’emplois, nous accompagnons 10 000 créateurs franciliens chaque année et, pour renforcer notre accompagnement, nous avons lancé le dispositif entrepreneurs #Leaders, qui consiste à guider les entrepreneurs à chaque étape de leur parcours ».
Mais l’enjeu reste considérable : en 2024, l’Île-de-France a enregistré 65 000 défaillances d’entreprises, « l’une des pires années », selon Alexandra Dublanche.
Pour l’avenir de l’Urssaf, Didier Malric s’est donc fixé un cap : faire de l’organisme « un service public de référence pour les entreprises », en proposant « des services adaptés, un accompagnement en cas de difficultés et une gestion exemplaire ». Et de poser son ambition finale : « Être perçu comme un partenaire des entreprises et instaurer une véritable relation de confiance ».
Des propos qui ont trouvé un écho chez Dominique Restino, président de la CCI Île-de-France. Lors de la table ronde « Accompagner le développement entrepreneurial », il a reconnu que, par le passé, l’Urssaf « n’était pas forcément le copain de tout le monde et ne se présentait pas comme un ami ». Mais il a tenu à souligner les efforts accomplis pour changer cette image, citant notamment le partenariat de longue date entre la CCI et l’organisme : « Il y a quelques jours, j’ai encore pu appeler quelqu’un afin de débloquer une situation avec un chef d’entreprise ». Pour lui, « il faut poursuivre ce type d’initiative, comme ce colloque », afin de rendre visible cette évolution : « Cela nous aide à faire notre travail au service des entreprises, qu’il s’agisse de création, de développement ou de transmission/reprise. »
Un constat partagé par Philippe Savajols, président de l’Urssaf Île-de-France. Une relation de confiance, « passe par la connaissance », a-t-il martelé. Or, les chiffres restent préoccupants : « 75 % de nos concitoyens ne savent pas pourquoi ils payent des cotisations et seulement 41 % des entreprises se disent informées de l’usage qui en est fait. Une majorité ignore pourquoi elles paient », a-t-il déploré.
Cette méconnaissance touche aussi la sphère politique. Thomas Lam, député des Hauts-de-Seine et membre de la commission des affaires économiques, l’a reconnu : « Tous les parlementaires ont des parcours différents, à l’image des Français qu’ils représentent, et tout le monde n’a pas la connaissance des services de l’Urssaf. Moi qui étais gérant, je ne l’avais pas non plus ». Avant d’ajouter, avoir été « très agréablement surpris » par les dispositifs de l’Urssaf.
Pour Cécile Chaudier, directrice adjointe de l’Urssaf Île-de-France en charge des opérations, il faut « casser cette image que l’Urssaf fait peur ». Une transformation qui passe par des actions concrètes et des dispositifs d’accompagnement. « Nous devons les faire connaître : 65 000 entreprises se sont créées en Île-de-France ces douze derniers mois et 250 000 travailleurs indépendants y ont installé leurs activités », a-t-elle rappelé. Deux dispositifs phares ont été déployés : « Mes premiers mois avec l’Urssaf », un accompagnement gratuit et personnalisé de neuf mois pour les indépendants, et « Première embauche », un suivi sur douze mois destiné aux entreprises qui recrutent pour la première fois.
Afin d’amplifier son impact, l’Urssaf mise sur un large réseau de partenaires : France Travail, la CCI, mais aussi le tissu associatif comme Femmes de territoires pour soutenir de futures entrepreneures. L’organisme propose également des outils pratiques : le « référent unique » pour les PME, qui garantit un interlocuteur dédié, le Titre emploi service entreprise (TESE), pensé pour faciliter la gestion du personnel dans les structures sans expert-comptable, ou encore le programme ETIncelles, porté par l’État, qui accompagne les PME à fort potentiel vers le statut d’ETI.
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De l’avis de Dominique Restino, le défi reste crucial dans les territoires précaires. « L’accompagnement des jeunes issus de ces territoires est essentiel, car il y a une énergie », a insisté le président de la CCI Île-de-France. Claudia Ruzza, directrice générale de l’association POSITIV, qui accompagne les habitants des quartiers dans la création d’entreprise, a abondé : « Je n’aurais jamais cru dire du bien de l’Urssaf. Nous accompagnons près de 27 000 personnes qui ont l’envie d’entreprendre, mais pas toujours les mêmes chances que dans d’autres territoires. L’Urssaf nous aide beaucoup à rééquilibrer les opportunités ». Elle a notamment cité un atelier sur l’usage des cotisations sociales, qui a permis un échange direct entre entrepreneurs et agents de l’Urssaf, « approfondissant ainsi la relation ».
Et Dominique Restino de conclure : « Sincèrement, il faut qu’on démultiplie les rencontres avec l’Urssaf et les intégrer dans nos formations pour rassurer les gens. L’Urssaf a fait des erreurs, la CCI aussi, le Medef certainement. Mais l’important, c’est de construire et de réparer quand ça ne fonctionne pas. Nous sommes là pour faire grandir les entreprises ».
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