À Paris, une exposition à ciel ouvert pour mettre en lumière les grandes figures féminines du barreau

Avec « Avocates parisiennes : 125 ans de combat », la vice-bâtonnière du barreau de Paris, Vanessa Bousardo, a souhaité rappeler de long combat des femmes pour accéder à la profession, devenir bâtonnière ou membre du Conseil de l’ordre, à travers diverses archives exposées sur le parvis de l’Hôtel de ville. L’inauguration s’est tenue le 23 octobre en présence de plusieurs bâtonnières du monde.


avatar
Allison Vaslinvendredi 24 octobre3 min
Écouter l'article
Dominique De la Garanderie, première bâtonnière de Paris représentée sur les affiches, a également fait le déplacement pour l’inauguration

C’est sous un ciel gris et menaçant de pluie que se sont retrouvées sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, ce 23 octobre, plusieurs bâtonnières du monde, anciennes bâtonnières parisiennes, avocates et secrétaires de la conférence du barreau.

Le vent et les parapluies n’auront pas empêché la joie de toutes se réunir pour rendre honneur et hommage aux figures féminines ayant marqué l’histoire du barreau parisien, à travers l’exposition inaugurée ce jour « Avocates parisiennes : 125 ans de combat », à l’initiative de la vice-bâtonnière en exercice Vanessa Bousardo.

Toutefois, point de coupage de ruban rouge bien qu’installé devant l’un des quadripodes de l’exposition en plein air, mais un discours à l’abri dans la salle du conseil municipal du Paris, dans une « forme d’improvisation, le temps en ayant décidé autrement ».

« Vous avez ouvert la voie »

« C’est un vrai bonheur, une vraie joie de vous accueillir mesdames les bâtonnières, mais surtout d’inaugurer cette exposition, rétrospective basée sur les archives du musée du barreau de Paris », s’est réjouie dans son discours Vanessa Bousardo, qui a rappelé que la place évolutive des femmes dans la profession est le résultat de beaucoup de combats.

« Il fut un temps où les avocates ne pouvaient pas s’inscrire au barreau sans l’autorisation de leur époux. » L’exemple est parfaitement illustré sur l’un des quadripodes du parvis, avec une lettre manuscrite de 1900 du mari de l’avocate Sophie Balachowski qui autorise sa femme à exercer la profession d’avocate. Un usage levé avec la loi du 13 juillet 1970.

Et Basile Ader, ancien bâtonnier de Paris, de rappeler de son côté qu’il a fallu attendre la loi Poincaré pour que les femmes puissent porter la robe. « Aujourd’hui, elles représentent plus de 60% du barreau, s’est-il félicité, mais non sans peine. »

« Vous verrez aussi des femmes secrétaires de la conférence qui ont dû se battre pour avoir le droit de pouvoir s’exprimer, convaincre, passer un concours de plaidoirie », a poursuivi la vice-bâtonnière.

À lire aussi : La statue de Gisèle Halimi a pris place dans le 18e arrondissement de Paris

Sans oublier une anecdote concernant Gisèle Halimi : une dénonciation par un membre du Conseil de l’ordre de l’époque, qui s’étonnait qu’elle ose indiquer « avocate au barreau de paris », l’obligeant à rectifier cette « erreur ».

« Tout cela a pris beaucoup de temps, et puis il a fallu encore un certain temps pour que les femmes puissent pousser les portes du Conseil de l’ordre, pour pouvoir nous représenter à Paris et devenir bâtonnière », a continué Vanessa Bousardo. Cette dernière n’a d’ailleurs pas manqué de remercier celle qui fut la première; à Paris, Dominique De la Garanderie. Cette pionnière est présente ce jour-là, et c’est à elle que l’on s’adresse : « Avec votre accession à une fonction très longtemps vue comme purement masculine, vous avez ouvert la voie pour toutes les autres et celle qui viendront après. »

Le public peut justement découvrir un bout de son histoire sur l’un des quadripodes, ainsi que celles de militantes, d’avocates engagées, de pionnières, ce jusqu’au 7 novembre prochain.

Un an pour le collectif Bâtonnières du monde

Cette exposition marque également la célébration du premier anniversaire du collectif « Bâtonnières du monde », pour l’égalité femmes/hommes dans le monde du droit, lancé lui aussi à l’initiative de Vanessa Bousardo.

Figure d’ailleurs sur l’un des quadripode de l’exposition « l’appel des bâtonnières », signé le 24 octobre 2024 par une quinzaine de bâtonnières et vice-bâtonnières du globe, avec lequel elles s’engagent une l’accession plus aisée des femmes aux postes auxquels elles aspirent.

Parmi elles, la bâtonnière du barreau d’Odessa, en Ukraine, Olena Dzhaburiya, la vice-bâtonnière du barreau de Bruxelles en Belgique Marie Dupont, ainsi que l’ancienne bâtonnière parisienne Maie-Aimée Peyron, toutes ayant fait le déplacement jusqu’à la capitale.

Cette exposition, « c’est aussi un moyen de rappeler que le Musée du barreau existe », a souligné Basile Ader. Un musée qui devrait notamment accueillir la robe de Robert Badinter après que l’ancien bâtonnier s’est battu pour qu’elle ne soit pas mise dans son cercueil, et ainsi rejoindre une autre grande robe, celle de Gisèle Halimi.

Partager l'article


0 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à la Newsletter !

Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.