Article précédent

Arrivé dans l’unité médico-judiciaire en mai dernier à l’initiative de la cheffe du service, le Dr Laetitia Lasne, Util assiste les victimes lors des auditions et consultations. Véritable soutient émotionnel, le labrador est également un réconfort pour les personnels « confrontés en permanence à la violence ».
Si les arrivées de chiens d’assistance judiciaire dans les juridictions et commissariats se multiplient ses dernières années en France, dans un AP-HP, c’est une première !
En mai dernier, Util, un jeune labrador de deux ans, a fait ses débuts dans l’hôpital Jean Verdier à Bondy, et plus précisément dans l’unité médico-judiciaire (UMJ) dirigée par le Dr Laetitia Lasne, à l’initiative du projet.
« L’idée date concrètement de juin 2023. Dans le cadre du congrès international de médecine légale, le travail de Ravel, un autre chien d’assistance judiciaire qui exerce à Saint Lô, a été présenté. J’étais déjà convaincue à titre personnel de l’utilité de l’introduction d’animaux dans les services hospitaliers, et cette présentation a fini de me convaincre jusqu’à faire germer l’idée de le faire chez nous », la cheffe de service interrogée par le JSS.
A lire aussi : Les chiens d’assistance judiciaire, un dispositif « victime de son succès »
Cela n’en reste pas moins un travail d’équipe. Comme nous l’explique le Dr Laetitia Lasne, en plus de trouver une référente à Util, il a également fallu demander des autorisations. « Faire venir un chien dans un hôpital demande aussi un protocole d’hygiène » complète la docteure.
18 mois d’attente
C’est déterminée et soutenue que la cheffe de service de l’UMJ s’est rapprochée d’Handi’chiens, association formatrice de chiens d’assistance à destination de personnes handicapées, et de chiens d’assistance judiciaire depuis 2019.
Au moment de formuler la demande, plusieurs critères ont été sélectionnés pour dénicher le futur CAJ, à savoir un chien calme et à l’aise avec les enfants.
Entre la demande et l’arrivée d’Util, 18 mois se sont écoulés, le temps de former et de trouver la perle rare. « On a eu la chance d’avoir un chien quasiment tout de suite car il répondait aux critères demandés. Si nous en avions sélectionnés d’autres, peut-être serions-nous toujours en attente », détaille le Dr Laetitia Lasne.
« Util fait apparaitre des sourires sur des visages »
C’est aux côtés de sa référente Sonia, infirmière dans le service UMJ de l’hôpital, qu’Util intervient auprès des victimes.
« Son rôle est d’apporter un soutien à tous ceux qui en éprouvent le besoin. Les enfants sont évidemment des interlocuteurs privilégiés mais on a aussi des adolescents, des adultes hommes comme femmes qui ont envie de l’avoir avec eux », poursuit la docteure.
La présence d’Util n’est toutefois pas imposée aux victimes qui arrivent dans le service. Elles ont le choix refuser si elles le souhaitent, mais dans la majorité des cas les personnes acceptent, confie-t-elle. Et d’ajouter : « pour ce qui est des enfants, nous n’avons jamais eu de refus ».
A lire aussi : Sur la trace du chien de justice, du tribunal au cabinet d’avocat
Pour la cheffe de service, « il est évident qu’Util a un rôle d’apaisement des patients, de sécurisation, ce qui permet à nous médecins, mais aussi à notre équipe de psychologues auprès de qui Util intervient, d’avoir un peu de légèreté dans une consultation qui peut être très lourde. Cela libère la parole des gens, ou du moins ils évoquent des choses terribles de façon un peu moins difficile. »
Laetitia Lasne prend notamment l’exemple d’une consultation qu’elle a menée dans le cadre de la première journée d’Util : « je suis parvenue à examiner une victime en sa présence que je ne serais pas parvenue à examiner sans Util » illustre-t-elle.
« Je m’amuse souvent à dire qu’Util fait apparaitre des sourires sur des visages alors que d’habitude, on est plus du côté des pleurs et de la tristesse. »
Un soutien pour les professionnels de santé
Et cela s’évère aussi pour les professionnels de l’hôpital ! Selon la docteure, Util n’est pas seulement une mascotte pour l’UMJ, il l’est aussi pour l’hôpital entier. « Des professionnels d’autres services viennent nous voir et demande si Util est là en nous disant “j’ai passé une mauvaise journée aujourd’hui je voulais lui faire une caresse” .»
Finalement, c’est un collègue qui « rassemble toute une équipe et qui fédère. Il apporte de la légèreté dans un service confronté en permanence à la violence. »
Util a ainsi rejoint une lignée de chiens d’assistance judiciaire déployés dans la France depuis près de six ans. Pour mémoire, le premier CAJ avait été affecté au tribunal de Cahors en 2019. Eric Dupont-Moretti, alors ministre de la Justice, avait signé en février 2023 une convention pour étendre l’initiative dans toute la France aux juridictions favorables.
Une trentaine de chiens sont aujourd’hui sur le terrain. Mi-septembre, Ugli a pris ses fonctions de chien d’assistance judiciaire dans le département de l’Aveyron pour assister les victimes dans leur parcours judiciaire. Une démarche félicitée par le député du département Stéphane Mazars : « Avec Ugli, la justice gagne en humanité. »
THÉMATIQUES ASSOCIÉES
Infos locales, analyses et enquêtes : restez informé(e) sans limite.
Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.
0 Commentaire
Laisser un commentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *