Tribunal de Bobigny : « Vous n’avez pas peur qu’un client décède ? »

CHRONIQUE. La 18e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny est chargée de sanctionner les infractions à la législation sur les produits stupéfiants. En cette fin octobre, elle examine le cas d’Hichem, Algérien sous le coup d’une OQTF, consommateur et revendeur de médicaments sous le manteau. Le parquet requiert 7 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.


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Julien Mucchiellivendredi 24 octobre2 min
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©Julien Mucchielli

La 18e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny est chargée de sanctionner les infractions à la législation sur les produits stupéfiants, c’est-à-dire de vider l’océan du trafic à la petite cuillère pour remplir des prisons déjà trop pleines, avec des profils aussi dérisoires que celui d’Hichem, un Algérien de 30 ans, dont cinq ans en France, qui, pour survivre, vend des médicaments sous le manteau, des cigarettes de contrebande.

Le tout ça au vu et au su de tout le monde, à côté de la station « Porte de Paris », derrière le Stade de France, où les policiers en patrouille l’ont aperçu « procéder à des échanges d’objets de petite taille », écrivent-ils sur leur procès-verbal de constatation, et « recevoir des billets en retour », puis « aller vers un scooter », où, disent-ils, ils l’interpellent en possession de 16 plaquettes de Pregabaline, un générique du Lyrica que les déshérités consomment pour se défoncer à moindre coût.

Et une cartouche de cigarettes, pour laquelle les douanes réclament 130 euros d’amende, soit le prix officiel de la cartouche, mais que le parquet n’a pas poursuivi sur le plan pénal. Par l’intermédiaire de son interprète, Hichem précise : « Je n’étais pas en train de vendre du tabac.

D’accord, et la vente des cachets ? Vous savez que c’est interdit ?

-Je le savais, mais j’avais besoin d’argent. Je sais, ce n’est pas une excuse.

Vous consommez du Prégabaline ?

-Oui.

Vous avez conscience que c’est dangereux pour votre santé et pour les personnes à qui vous vendez ? 

Je le sais, mais pas autant que les drogues dures.

C’est quand même des substances nocives. Vous n’avez pas peur que quelqu’un à qui vous avez vendu un cachet décède ?

Je connais les acheteurs, je ne vends pas à n’importe qui.

Vous avez déjà été condamné pour les mêmes infractions. Vous êtes en semi-liberté, monsieur ?

Depuis juillet.

Vous êtes sous le coup d’une OQTF. Vous êtes arrivé en France en 2020, vous avez un enfant de 8 ans, en Algérie avec sa maman. »

Étant donné l’extrême précarité de sa situation en France, Hichem est partant pour être expulsé. Après avoir écouté la procureure l’informer que vendre de la drogue, c’était mal, laquelle procureure a requis 7 mois de prison ferme avec mandat de dépôt, il a pu écouter son avocate regretter l’orientation de ce dossier en comparution immédiate alors qu’il aurait facilement pu être réglé en CRPC, puis demander à ce qu’une peine d’interdiction du territoire soit prononcée, afin qu’à son incarcération, succède son expulsion.

Vision à laquelle le tribunal adhère après un très court temps de réflexion : 7 mois d’emprisonnement et 10 ans d’interdiction du territoire pour Hichem.

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