Article précédent

CHRONIQUE. Une petite fille subit les coups de sa mère et sa tante, qui comparaissent en ce mois d’octobre 2025 devant le tribunal de Pontoise. L’enfant accuse, la mère nie, la tante admet.

Le 4 mars à 8h25, une petite fille appelle le 17 – Police secours. Sandra a 10 ans et dit : « Depuis quelques jours, je me fais taper par mes parents. J’aime pas trop qu’on me tape. » Le policier qui réceptionne l’appel lui demande des détails pour permettre une intervention. Dans la matinée, les forces de l’ordre débarquent au pied d’un immeuble de Deuil-la-Barre. Une petite fille leur ouvre. C’est elle qui les a appelés.
Ce qu’ils constatent : des ecchymoses sur la petite fille, des lésions sur les faces antérieures des jambes, légères et anciennes. Dans l’appartement : des caméras de vidéosurveillance. Aux policiers, Sandra déclare : « Hier, ma mère et ma tante m’ont frappée ».
13 octobre, tribunal correctionnel de Pontoise. Agnès, la mère de Sandra, 32 ans, et sa tante Paloma, 26 ans, comparaissent pour des violences sans ITT sur mineur de moins de 15 ans. La mère est également prévenue de soustraction par un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant.
« C’est tante Paloma qui s’occupe de moi », dit Sandra. La mère de famille est peu présente, du fait de son travail. Son grand frère la surveille et parfois la punie. Le petit frère de 7 ans n’est pas maltraité, mais confirme que sa sœur l’est. Le policier : « Est-ce que Maman te frappe ?
–Oui, elle me frappe très souvent.
–Comment ?
–Elle me donne parfois des coups de poings dans les bras ; avec ma tante, elle me donne des coups de fils »… Des câbles de chargeur de téléphone.
« Avez-vous donné une correction à votre fille ? », demande la présidente du tribunal. Agnès dit que non, qu’elle lui a « fait la morale » parce qu’elle avait volé 5 euros pour s’acheter des Kinder. « Votre petite vole, elle a dix ans, c’est pas par méchanceté qu’elle fait ça !
–C’est vrai.
–Maman, elle me frappe très souvent. Elle m’insulte, elle me dit que je suis une grosse vache.
–C’est pas vrai que j’ai dit ça.
–Pourquoi elle dit ça, elle vous en veut ? C’est une menteuse ? Si elle dit ça et que c’est pas vrai, elle ment ? Et votre sœur, est-ce que vous savez qu’elle la frappe ?
–Elle sait qu’elle doit pas frapper. C’est moi qui dois punir.
–Elle a appelé la police. Vous trouvez pas que ça va très très loin ? »
La présidente lui fait remarquer que la petite fille est souvent seule à la maison avec son petit frère. Agnès répond qu’ils n’ont qu’à se servir dans le congélateur, les repas sont déjà prêts. « Mais madame, ils ont 10 ans et 6 ans. Ils pourraient se brûler, se blesser. Un parent ça doit surveiller ses enfants.
–C’est que le midi ! »
Elle peut les surveiller grâce à la vidéosurveillance, bredouille-t-elle. Et elle compte sur sa sœur.
Lorsque la tante comparaît à son tour à la barre du tribunal, elle admet avoir déjà mis des coups de câble de chargeur. « Comment s’est possible ? », s’emporte la présidente. « Pendant la période d’examen, je suis débordée, stressée. »
Paloma fait des études pour devenir infirmière.
« Néanmoins, vous comprenez qu’il ne faut pas donner des coups de chargeur à une petite fille. Vous avez vous-même été frappée étant enfants ?
–Oui, quand j’étais au Cameroun. »
Après avoir été brièvement placés, les enfants sont revenus au domicile maternel. Le père a plusieurs compagnes et ne s’occupe de ses enfants que sporadiquement, la mère n’y arrive pas seule. L’avocate de l’administratrice ad hoc précise qu’une mesure d’assistance éducative en milieu ouvert est en cours.
6 mois avec sursis requis contre la tante, 6 mois avec sursis probatoire contre la mère, dont l’avocate livre une plaidoirie déconcertante : si la mère l’avait voulu, « les ravages auraient été bien supérieurs ». Il ne faudrait la sanctionner plus que si elle s’était acharnée avec une intensité inimaginable sur Sandra, estime-t-elle. Finalement, le tribunal prononce 8 mois de prison avec sursis contre la mère et 6 mois contre la tante.
THÉMATIQUES ASSOCIÉES
Infos locales, analyses et enquêtes : restez informé(e) sans limite.
Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.
0 Commentaire
Laisser un commentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *