Tribunal de Pontoise : « Il faut vous emprisonner vingt ans ? »

CHRONIQUE. Un jeune homme de 19 ans est jugé pour la deuxième fois cette année devant le tribunal correctionnel de Pontoise, pour les mêmes faits, devant la même juge. Et de nouveau condamné à de la prison ferme.


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Julien Mucchiellisamedi 27 septembre3 min
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Le frêle Junior, pas de chance pour lui, est reconnu par la juge : « Vous pouvez choisir de demander un délai, vous avez l’habitude, ce n’est pas la première fois qu’on se voit ». Jugé en mai 2025 dans le cadre d’un vaste procès pour trafic de stupéfiants, il a été condamné à deux ans de prison avec mandat de dépôt, ce qui, à 19 ans, est une lourde, très lourde condamnation.

L’enquête avait débuté à la suite d’un meurtre sur le point de deal dit « La cage », à Sarcelles, et c’est sur ce même point de deal que Junior, alias « Bravo » dans le procès-verbal de surveillance des policiers, s’est fait interpeller : sans cannabis, mais avec 205 euros en espèces sur lui – après qu’il eut été observé opérant quatre transactions.

Pourquoi Junior était-il libre en septembre, s’il avait pris deux ans avec mandat de dépôt en mai ? La juge explique : « vous étiez détenu pour une autre cause pendant le procès, et on a oublié d’ajouter votre peine à votre fiche pénale ».

Junior est libéré sous conditions durant l’été, et à partir du 16 août décide de ne pas réintégrer la maison d’arrêt – il est également poursuivi pour évasion. « Ce que vous dites, c’est que vous avez eu peur en rentrant à la maison d’arrêt qu’on se rende compte que les deux ans n’ont pas été mis en exécution. Vous avez une petite fille âgée de deux mois.

C’est ça. C’est uniquement pour cette raison que je n’ai pas réintégré.

Où vivez-vous ?

Chez le grand-père de mon ex-copine (NDLR : la mère de l’enfant), à Clichy-sous-Bois ».

« Peu importe tout ça, les trafics d’armes, les gens qui meurent ? »

Junior reconnait également le trafic, et l’explique par un besoin d’argent. « De l’argent, il y a moyen d’en gagner de manière licite. Vous avez pris un mandat de dépôt il y a 4 mois.

Ma mère habite là-bas, sur le point de deal.

Comme le dit ma collègue, c’est la facilité. Là vous êtes en récidive, vous encourrez vingt ans. Il faut vous emprisonner vingt ans ? On en a parlé longuement la dernière fois. On a évoqué le meurtre. Mais ça ne rentre pas, en fait ? Peu importe tout ça, les trafics d’armes, les gens qui meurent ?

Je ne suis pas impliqué dans le trafic d’armes.

Qui dit impliqué dans le trafic de stupéfiants, dit impliqué dans le trafic d’armes. C’est trop facile Monsieur, de dire « moi, je n’ai fait que quatre ventes » ».

Le procès est vite conclu, sans aucun suspense sur la culpabilité du prévenu. La procureure demande un an de prison avec mandat de dépôt et 500 euros d’amende.

« Excusez-moi, je n’ai pas entendu le quantum de la peine demandée », demande l’avocat de la défense, mi-distrait, mi-inquiet. Finalement, il plaide l’immaturité, l’amour de sa fille et l’indulgence du tribunal, pour ce très jeune homme qu’il voit pour la première fois.

Junior est condamné à 18 mois de prison avec mandat de dépôt.

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