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L’arbre planté en hommage au jeune homme de confession juive qui avait été torturé à mort en 2006 par le « gang des barbares » a été sectionné à Épinay-sur-Seine dans la nuit du 13 août. Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour destruction de bien d’utilité publique.
[EDIT du 29/08/2025 à 10h]
« Abattre l’arbre rendant
hommage à Ilan Halimi, c’est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n’en sera
rien : la Nation n’oubliera pas cet enfant de France mort parce que Juif. »
Sur le réseau social X, vendredi 15 août, le président de la République a réagi
avec fermeté après l’abattage de l’olivier planté en 2011 au jardin
d’Alcobendas, en mémoire d’Ilan Halimi, torturé à mort en 2006 par le « gang
des barbares ». Le jeune homme de 23 ans, de confession juive, avait été enlevé
puis assassiné par ce gang dirigé par un islamiste autoproclamé, un certain Youssouf
Fofana.
Selon le maire
d’Épinay-sur-Seine, Hervé Chevreau, qui se réfère aux images des caméras de vidéosurveillance,
un homme équipé d’un sac à dos se serait introduit dans le parc à 1h50 dans la
nuit du 13 au 14 août, alors que le site ferme à 21h30. Il aurait ensuite
sectionné l’arbre, probablement, à l’aide d’une tronçonneuse. Revenant sur cette
dégradation, Emmanuel Macron a assuré que la République resterait « toujours
intransigeante » face à l’antisémitisme et que « tous les moyens sont
déployés pour punir cet acte de haine ».
À lire aussi : Racisme, antisémitisme, xénophobie… Un bilan en demi-teinte
Par ailleurs, le parquet de
Bobigny a confirmé vendredi à l’Agence France Presse (AFP) l’ouverture d’une enquête pour destruction de
bien d’utilité publique, confiée à la sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis.
Face à l’émotion suscitée par cet événement, le préfet Julien Charles s’est immédiatement
rendu sur place, aux côtés du grand rabbin de France, Haïm Korsia.
De vives réactions de la
classe politique
Plusieurs responsables
politiques ont également réagi à cet abattage. Sur X, vendredi, le Premier
ministre François Bayrou a dénoncé un « arbre (…) rempart contre l’oubli, fauché
par la haine antisémite », rappelant que « nul crime ne peut
déraciner la mémoire ». De son côté, le ministre de l’Intérieur, Bruno
Retailleau, a exprimé son « dégoût et [sa] colère » face à ce geste,
estimant que « la barbarie de ses geôliers et assassins se poursuit dans la
haine antisémite de ceux qui ont détruit l’arbre planté en sa mémoire ».
Le président du Conseil
représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, a également
confié à l’AFP que « cette réaffirmation violente de l’antisémitisme
à la face de la société est quelque chose d’extrêmement douloureux »,
ajoutant : « il n’y a rien de plus lâche, et les assassins de sa mémoire ne
valent pas mieux que ceux qui lui ont pris la vie il y a vingt ans ».
Mathieu Hanotin, président de
l’établissement public territorial Plaine Commune, auquel appartient
Épinay-sur-Seine, a dénoncé « un acte de vandalisme portant atteinte à la
mémoire collective de ce meurtre antisémite ». L’actuel maire de Saint-Denis a assuré dans un communiqué de
presse qu’« un nouvel arbre commémoratif sera replanté dans
les meilleurs délais ».
Cet acte n’est pas isolé : en
2019, deux arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l’un portait sa photo,
avaient déjà été sciés à Sainte-Geneviève-des-Bois, là où il avait été retrouvé
agonisant au bord d’une voie ferrée.
Deux frères jumeaux de 19 ans
suspectés
Les premiers suspects
seraient deux frères jumeaux de 19 ans, sans domicile fixe. Ils ont été placés
en détention provisoire, a indiqué jeudi 28 août le parquet de Bobigny à
plusieurs médias.
Interpellés le 25 août dans
le jardin d’Alcobendas par la sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, ils ont
été identifiés grâce à leur ADN. L’analyse de leurs téléphones a mis au jour
des vidéos dans lesquelles ils s’exerçaient à manier une tronçonneuse.
D’origine tunisienne, les
deux jeunes hommes ont été déférés mercredi en comparution immédiate devant le
tribunal correctionnel de Bobigny. L’affaire a toutefois été renvoyée au 22
octobre. Ils seront jugés pour destruction de bien aggravée et atteinte à un
monument commise en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la
religion.
Romain
Tardino
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