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Retour sur la Conférence de Paris qui s’est ouverte mardi 16 décembre. L’événement, organisée par la Fédération économique internationale des Amériques (FIEA), a réuni des acteurs du commerce international autour d’un thème central : l’innovation. Au programme, une conférence consacrée aux stratégies permettant aux entreprises de tirer parti de l’intelligence artificielle et d’anticiper les évolutions de leurs secteurs.

Comment les entreprises s’adaptent-elles aux innovations technologiques ? La question était au cœur de la Conférence de Paris, organisée sur deux journées à partir de mardi 16 décembre 2025 par la Fédération économique internationale des Amériques (FIEA), dédiée au commerce entre l’Europe et les Amériques. L’événement a réuni plusieurs dirigeants de premier plan autour d’une conférence consacrée à l’innovation et aux stratégies permettant de tirer parti des nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, tout en anticipant les évolutions sectorielles. Parmi les intervenants figuraient Blake Moret, président-directeur général de Rockwell Automation, Anne-Laure de Chammard, membre du conseil d’administration de Siemens Energy, Hiba Farès, présidente du directoire de RATP Développement, et Jérôme Pécresse, directeur général de la division Aluminium et Lithium de Rio Tinto.
Sur l’IA, Blake Moret a souligné sa capacité à « simplifier la conception des systèmes, la modélisation ou la mise en service », estimant qu’elle pouvait réduire les obstacles à l’adoption de technologies clés, notamment dans les pays où le coût du travail est élevé. Elle permet d’optimiser les processus et de renforcer la compétitivité. Avant de révéler qu’en interne, Rockwell Automation utilisait déjà « l’IA générative pour produire des milliers de lignes de code par jour », ainsi que des agents virtuels, dans une logique de modernisation des usines visant à « booster la productivité et simplifier les tâches ».
Concernant le secteur des transports, Hiba Farès a insisté sur la place durable de l’humain malgré l’essor de l’IA, estimant que « l’IA va beaucoup aider, mais qu’il faudra toujours plus de monde ». Face aux craintes de suppressions massives d’emplois, elle a relativisé l’idée d’un lien direct, bien qu’une récente étude du MIT a estimé que 11,7 % de la main-d’œuvre américaine occupe des postes dont certaines tâches pourraient déjà être automatisées. La dirigeante a également mis en avant la nécessité de pédagogie en interne, afin d’expliquer que l’IA peut permettre de se recentrer sur des tâches plus gratifiantes, tout en soulevant des questions de gouvernance et d’investissement.
Cette dernière est revenue sur les bouleversements déjà à l’œuvre dans les mobilités, citant «le déploiement très large des taxis robots dans plusieurs États américains et en Chine », une disruption majeure qui ouvre de nouveaux cas d’étude pour les transports publics. Métros automatisés et véhicules de nouvelle génération génèrent en effet des volumes de données inédits, dont l’enjeu réside dans l’usage qui en est fait. « C’est précisément là que l’IA nous aide, pour améliorer les opérations, optimiser les coûts de l’énergie ou développer la maintenance prédictive », a-t-elle expliqué.
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Selon elle, le véritable apport de l’intelligence artificielle se situe avant tout dans l’expérience passager. La dirigeante a notamment évoqué l’organisation des Jeux olympiques de Paris, qui a nécessité des échanges avec des publics du monde entier, et le déploiement d’outils permettant aux salariés de dialoguer avec des touristes étrangers, ou d’aider les usagers à trouver le meilleur itinéraire et le bon titre de transport dans une ville méconnue.
Sur les taxis autonomes en Europe, Hiba Farès a enfin rappelé que si le cadre législatif existe bel et bien, l’accréditation reste un obstacle : « personne ne s’est encore lancé ». La première entreprise à engager ces démarches ouvrirait ainsi la voie et le marché. Une évolution qui, selon elle, finira par s’imposer.
Anne-Laure de Chammard a, pour sa part, porté un regard différent sur l’impact de l’intelligence artificielle, en insistant sur ses conséquences énergétiques. « C’est également disruptif parce que la demande d’énergie provenant de l’IA double », a-t-elle souligné, rappelant que les data centers consomment déjà l’équivalent de la demande électrique de la France et que, d’ici à 2030, cette consommation pourrait correspondre à la production de près de trente réacteurs nucléaires. Une dynamique « en pleine explosion », appelée à se poursuivre.
D’où, selon elle, la nécessité de déployer rapidement « les infrastructures nécessaires pour supporter cette nouvelle technologie ». Le réseau électrique constitue aujourd’hui un véritable goulot d’étranglement, avec près de 300 gigawatts bloqués faute de capacité de répartition. « L’efficacité énergétique est le point clé », a-t-elle insisté, rappelant que 3 à 5 % de l’électricité est aujourd’hui gaspillée en raison d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, un phénomène que l’IA peut contribuer à corriger pour améliorer la production et l’utilisation de l’énergie. Sur ces enjeux de transition, Hiba Farès a rappelé les limites de certaines solutions technologiques, estimant qu’« une voiture électrique sera aussi polluante, voire plus, dans sa conception qu’un bus diesel, au regard de la proportion de personnes transportées ».
« Sans énergie, nous ne pourrons pas soutenir l’IA » a abondé Jérôme Pécresse. Une contrainte qui vaut également pour l’activité minière. Aluminium, cuivre, lithium ou encore gallium, indispensable aux semi-conducteurs, devront être produits à grande échelle pour répondre aux besoins liés aux énergies renouvelables et aux nouvelles technologies. Chez Rio Tinto, l’IA a déjà transformé l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’exploration par drones et robots aux opérations menées par camions autonomes, en passant par la réduction de l’impact environnemental. Dans un « contexte géopolitique de plus en plus fragmenté », Jérôme Pécresse a enfin insisté sur la nécessité de s’appuyer sur des partenariats solides, capables de produire des enseignements durables.
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