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Désignés par arrêté du 5
juillet dernier, les tribunaux de commerce de Limoges, Auxerre ou encore Versailles
seront renommés en TAE et bénéficieront de compétences étendues pendant quatre
ans, à partir du 1er janvier 2025.
Un an après l’adoption à l’Assemblée
nationale de l’expérimentation des tribunaux des activités économiques (TAE) prévue
dans la loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice pour
2023-2027 dans « 9 à 12 tribunaux de commerce » de France, un
arrêté du 5 juillet 2024 relatif à leur expérimentation est venu désigner les
12 tribunaux qui bénéficieront de compétences étendues.
En Île-de-France, ce sont
trois tribunaux de commerce qui se verront renommés en TAE : Paris, Nanterre et Versailles. Le tribunal de commerce d’Auxerre (Bourgogne Franche-Comté), dépendant de
la cour d’appel de Paris, fait également partie des tribunaux sélectionnés.
Les 8 autres TC sont pour
leur part répartis dans les autres régions de l’Hexagone. En
Provence-Alpes-Côte-d’Azur, les TC de Marseille et d’Avignon expérimenteront
les nouvelles compétences qui leur incomberont. Les tribunaux de Nancy
(Lorraine), Le Mans (Pays-de-la-Loire), Limoges (Nouvelle-Aquitaine), Lyon
(Auvergne-Rhône-Alpes), Saint-Brieuc
(Bretagne) et Le Havre (Normandie) viennent compléter la liste. Ils débuteront
l’expérimentation à partir du 1er janvier 2025, et ce pour quatre
ans.
Concrètement, ces 12
tribunaux de commerce qui deviendront des tribunaux des activités économiques
seront « compétents pour connaître toutes les procédures amiables et collectives,
quels que soient le statut et le domaine d’activité des opérateurs économiques
concernés », expliquait en janvier 2023 le ministre de la Justice et
garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti lors des États généraux de la justice, étendant de
fait leurs compétences.
Et pour accompagner et
encadrer au mieux cette expérimentation, un décret n °2024-67 du 3 juillet
dernier a été pris et vient fixer les modalités de conduite et d’évaluation de
l’expérimentation prévue à l’article 26 de la loi n °2023-1059 du 20 novembre
2023 d’orientation et de programmation du ministère de la Justice 2023-2027,
et préciser les règles d'information
des usagers et justiciables concernés par cette expérimentation.
Un
comité de pilotage, composé, entre autres professionnels, des bâtonniers de
chacun des ressorts où le TAE a son siège, vient notamment accompagner la mise
en œuvre de l’expérimentation, est-il précisé dans les premières lignes du
décret, et se réunira « périodiquement pour assurer le suivi »
de celle-ci.
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contre la criminalité financière
Si le décret, dans son
premier article, prévoit une obligation d’information des justiciables par les
chefs des juridictions concernées, il stipule également que le comité de
pilotage se doit de préparer un questionnaire de satisfaction « dont le
contenu est adapté par catégorie de
justiciables et d'auxiliaires de justice ». Il devra le transmettre au comité d’évaluation qui
se chargera ensuite de le faire parvenir aux chefs de cour dans le ressort
duquel un tribunal des activités économiques a son siège avant le 1er
janvier 2025. Le comité d’évaluation, qui évaluera « l'impact de
l'expérimentation sur l'organisation et le fonctionnement des tribunaux des
activités économiques ainsi que des tribunaux judiciaires aux compétences
réciproquement restreintes », devra également se réunir trois fois par
an et aura à sa charge la rédaction d’un rapport final à rendre huit mois avant
la fin de l’expérimentation au gouvernement qui le transmettra ensuite au
Parlement.
Bel et bien intégré dans le
champ des TAE malgré une demande des agriculteurs de voir exclues les procédures
collectives agricoles de l’expérimentation pour rester au tribunal judiciaire
par peur d’un « risque de justice expéditive », écrit
l’association Solidarité paysans, le domaine agricole se voit également
encadré par l’article 5 du décret du 3 juillet.
Celui-ci prévoit notamment une
désignation par le garde des Sceaux par arrêté du nombre d’assesseurs
exploitants agricoles par TAE « en prenant en compte le nombre de litiges concernant des exploitants
agricoles susceptibles de relever de chaque tribunal » faute de magistrats professionnels dans
les TAE, comme cela avait pourtant été demandé par la gauche en 2023, et refusé
par le Sénat.
Les
assesseurs n’ayant jamais exercé de fonctions au sein d'un tribunal des
activités économiques sont d’ailleurs invités par le procureur général « à
se présenter à l'audience de la cour d'appel pour prêter serment ».
Et
comme le rappelle l’association, les avocats, à l’instar des professions
judiciaires réglementées et association à but non lucratif, se voient exclus du
champ de compétences des TAE grâce à des députés de la commission
des lois de l’Assemblée nationale.
Une victoire pour les avocats et le Conseil national des barreaux qui indiquait
dans une résolution de janvier 2023 que les cabinets étant « assujettis
à une déontologie stricte qui se caractérise par leur indépendance et leur
secret professionnel », les avocats ne devraient pas faire partie de
ce champ de TAE.
Allison Vaslin
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