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Lundi 22 septembre, le tribunal administratif de Versailles, saisi par la préfecture, a enjoint la commune à suspendre l’événement « Mille drapeaux pour la Palestine » et à retirer le drapeau palestinien hissé devant la mairie depuis plus d’un an. Néanmoins, le rassemblement s’est tenu comme prévu, au nom de la solidarité et en célébration de la reconnaissance historique par la France de l’Etat de Palestine.
Le maire de Corbeil-Essonnes a souhaité garder le drapeau palestinien devant l’hôtel de ville, et maintenir le rassemblement prévu ce jour-là : une opération – fortement médiatisée – de distribution de drapeaux palestiniens aux habitants, en soutien à la décision de la France de reconnaître l’Etat palestinien. Ce lundi soir, devant l’hôtel de ville, l’ambiance était plutôt à la fête : « Merci d’avoir répondu présent à ce moment de solidarité », a annoncé Bruno Piriou (DVG) devant une foule plutôt compacte de centaines de personnes, et de nombreux journalistes.
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Rappelant l’objectif de la manifestation, l’édile a martelé l’importance pour les villes de s’emparer de sujets internationaux, au nom de l’attachement des peuples à la « paix » et « contre la loi du plus fort ». Les hôtels de ville sont « des maisons du commun », et non « des sous-préfectures », a-t-il avancé, répondant au ministre de l’Intérieur.
Vendredi dernier, Bruno Retailleau a en effet donné aux préfets la consigne d’empêcher tout pavoisement de drapeaux palestiniens sur les bâtiments publics, listant les principes de neutralité et de laïcité. La note de la Place Beauvau mettait aussi en avant les risques d’« ingérence dans les conflits internationaux en cours » et de « troubles graves à l’ordre public identifiés localement ».
« L’Etat veille au respect de l’ordre public »
La préfète de l’Essonne a appliqué le message, et a annoncé dès le 20 septembre saisir la justice administrative, au nom de l’atteinte grave aux principes de laïcité et de neutralité des services publics. « L’État veille au respect du principe de neutralité du service public et au respect de l’ordre public », faisait valoir sobrement le communiqué de la préfecture.
Lundi, lors d’une audience présentant deux requêtes en référé, présentées sur le fondement de l’article L. 2131-6 du Code général des collectivités territoriales, le tribunal administratif de Versailles a suspendu les décisions de pavoiser l’hôtel de ville avec le drapeau palestinien et d’en distribuer 1000 exemplaires. « Il a également enjoint au maire de faire retirer ce drapeau et d’interrompre l’organisation de la distribution de drapeaux, programmée aujourd’hui à 18h30 », détaille l’ordonnance, dont l’intégralité n’a pas encore été publiée.
Peine perdue. L’événement s’est tenu comme prévu, à 18h30. Toujours en épinglant le ministre de l’Intérieur (« Vous êtes une injure à ceux qui prônent la fraternité », a-t-il lancé), Bruno Piriou a rappelé que rien n’est reproché aux élus qui affichent le drapeau ukrainien sur les bâtiments publics. A Corbeil, ce dernier flotte devant la mairie depuis le début de l’invasion russe, en 2022.
« Ces deux drapeaux sont notre fierté, une fierté bien naturelle », une manière « d’amplifier le mouvement » et de « saluer un jour historique ». Après cette date, le maire de Corbeil-Essonnes a annoncé qu’il appliquerait, dès ce mardi, la décision de la justice administrative, et qu’il fera retirer le drapeau palestinien devant l’hôtel de ville.
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